PERSONNAGES
Récipiendaires de la Croix de Victoria
Bien que des actes individuels de grande bravoure surviennent fréquemment pendant la guerre, seulement un petit nombre d'entre eux sont vus et consignés. De tels actes servent d'exemples à tous qui admirent et respectent l'auteur d'une telle hardiesse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, seize Canadiens se sont vus décerner la Croix de Victoria qui est la décoration militaire la plus importante remise par le Commonwealth pour un acte de bravoure. Leur vaillance les distingue comme des Canadiens du plus haut rang.
Le sergent-major de compagnie John Robert Osborn The Winnipeg Grenadiers Hong Kong, le 19 déc. 1941
John Robert Osborn naît à Foulden, en Angleterre, le 2 janvier 1899. Au cours de la Première Guerre mondiale, il sert au sein de la Royal Naval Volunteer Reserve. Osborn immigre au Canada en 1920. En 1933, il s'enrôle dans les Winnipeg Grenadiers, unité de la milice active non permanente. Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, les Grenadiers sont mis en service actif et stationnés pendant quelque temps en Jamaïque. En octobre 1941, à la demande du gouvernement britannique, le bataillon est envoyé à Hong Kong afin d’y renforcer la garnison.
Le 8 décembre 1941, des unités de l’armée japonaise s’attaquent aux positions défensives britanniques de Hong Kong. Au 18 décembre, trois régiments japonais ont débarqué sur l’île. À l’aube du 19 décembre, on ordonne à la compagnie (A) des Winnipeg Grenadiers de se rendre à Jardine’s Lookout afin d’y déloger l’ennemi, puis d’avancer sur le mont Butler et de le reprendre. Peu après l'aube, la compagnie (A), dirigée par le Sergent-major de compagnie (SMC) Osborn, mène une charge à la baïonnette et s’empare du sommet du mont Butler. Trois heures plus tard, lorsque trois compagnies de troupes japonaises contre-attaquent et forcent ses hommes à se replier en descendant la pente ouest du mont, le SMC Osborn dirige calmement le tir de protection qui tient l’ennemi à distance. En fin de compte, après que le groupe du SMC Osborn a rejoint le reste de la compagnie (A), les Japonais réussissent à encercler le groupe. Au milieu de l’après-midi, après avoir repoussé deux attaques japonaises et faisant face désormais à une pénurie de munitions et à un nombre croissant de blessés, le commandant de la compagnie, le Major A.B. Gresham, décide de se rendre et se place à découvert avec un drapeau blanc. Il est aussitôt abattu par les Japonais, qui commencent à lancer des grenades sur la position de la compagnie (A). Le SMC Osborn en ramasse plusieurs et les renvoie à l’ennemi. Toutefois, l’une des grenades atterrit dans un endroit où Osborn ne peut la récupérer à temps. Lançant un cri d’avertissement tandis qu’il pousse l’un de ses hommes sur le côté, il se jette sur la grenade, qui explose et le tue instantanément.
Lorsque le leadership et le sacrifice du SMC Osborn à cette occasion sont mis en lumière après la défaite du Japon, on lui décerne la Croix de Victoria à titre posthume.
Citation
À Hong Kong, le matin du 19 décembre 1941, une compagnie du Winnipeg Grenadiers, dont le Sergent-major de compagnie Osborn fait partie, se trouve divisée lors d'une attaque sur le mont Butler, une montagne très escarpée. Une partie de la compagnie que commande le Sergent-major de compagnie Osborn s'empare de la montagne à la pointe de la baïonnette et la garde pendant trois heures. Cette position devient rapidement intenable en raison du grand nombre de soldats ennemis et des attaques répétées sur un flanc non protégé. Le Sergent-major de compagnie Osborn et quelques-uns de ses hommes protègent la retraite de la compagnie, et lorsque vient le temps pour ces quelques hommes de retraiter à leur tour, Osborn, à lui seul, repousse l'ennemi pendant que ses hommes rejoignent la compagnie. Il doit ensuite se frayer un passage à travers les tirs de mitraillettes et, sans égard pour sa propre sécurité, il aide les retardataires à atteindre la nouvelle position de leur compagnie. Lorsque le danger menace ses hommes, il est toujours là pour les encourager.
Au cours de l'après-midi, la compagnie se trouve isolée du bataillon et complètement cernée par l'ennemi qui s'est rapproché au point de pouvoir lancer des grenades dans la petite dépression que défend la compagnie. Plusieurs grenades ennemies ainsi reçues sont ramassées par le Sergent-major de compagnie Osborn, qui les relance vers l'ennemi. Tout à coup, l'ennemi lance une grenade qui tombe dans un endroit inaccessible. Tout en criant un avertissement à ses hommes, ce courageux adjudant se jette de tout son long sur la grenade qui explose et le tue instantanément. Son sacrifice sauve certainement la vie de nombreux hommes.
Le Sergent-major de compagnie Osborn a été une inspiration pour tous au cours de cette défense à laquelle il a participé si courageusement pendant plus de huit heures et demie contre une force ennemie écrasante et, par sa mort, il fait preuve des plus hautes qualités d'héroïsme et d’abnégation.
Le lieutenant-colonel Charles Cecil Ingersoll Merritt The South Saskatchewan Regiment Dieppe, France, le 19 août 1942
Charles Cecil Ingersoll Merritt naît à Vancouver, en Colombie‑Britannique, le 10 novembre 1908. En 1929, il obtient son diplôme du Royal Military College, à Kingston, en Ontario, et s’enrôle par la suite dans la milice. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Merritt sert en qualité d’officier dans les Seaforth Highlanders of Canada. En 1942, il devient commandant du South Saskatchewan Regiment (SSR).
Le 19 août 1942, le SSR est l’un des bataillons de la 2e Division d’infanterie canadienne qui participent au raid sur le port français de Dieppe. Le bataillon débarque sur la plage Green Beach, exactement en face de Pourville, village situé immédiatement à l’ouest de Dieppe. Afin de pouvoir atteindre leurs objectifs à l’est du village, les Canadiens sont forcés de traverser un pont sur la rivière Scie, qui coule en direction de la mer en passant par Pourville. Le pont et ses abords sont balayés par des tirs d’artillerie, de mitrailleuses et de mortiers allemands depuis les hauteurs dominant la rive est de la Scie, ce qui met un frein à la progression du SSR. À ce stade, le Lieutenant-colonel Merritt s’avance et, prenant les choses en main, traverse calmement le pont à au moins quatre reprises sous un tir déchaîné afin de mener ses hommes par petits détachements sur le côté est. Il organise et commande ensuite des assauts contre plusieurs des casemates et autres positions ennemies qui dominent le pont et le village, et réussit à les éliminer. Toute la matinée, le Lieutenant-colonel Merritt commande ses hommes avec énergie, s’exposant sans prendre garde au feu allemand. Malgré deux blessures, il organise la retraite de son bataillon des plages de Pourville et met sur pied une arrière-garde qui permet à la majorité des hommes du SSR et des Cameron Highlanders of Canada de rembarquer pour l’Angleterre. Le Lieutenant-colonel Merritt et ses hommes de l’arrière-garde ne peuvent cependant pas être ramenés et sont contraints de se rendre.
Pour le leadership et le courage exemplaires dont il a fait preuve à cette occasion, le Lieutenant-colonel Merritt se voit décerner la Croix de Victoria. Il s'éteint à Vancouver, en Colombie-Britannique, le 12 juillet 2000.
Citation
Pour sa bravoure sans égale et pour ses qualités de chef qui ont su rallier ses hommes alors qu'il commandait son bataillon lors du raid de Dieppe le 19 août 1942.
Dès le débarquement, son unité doit traverser un pont, à Pourville, qui est la cible de tirs de mitrailleuses, de mortiers et d'artillerie très nourris. Les premiers groupes sont tués en grande partie et le pont est jonché de corps. Une décision audacieuse s'impose et le Lieutenant-colonel Merritt, tout en brandissant son casque, s'avance en courant et crie : Venez! Traversez! Il n'y a rien à craindre ici.
C'est ainsi qu'il mène les survivants d'au moins quatre groupes, chacun à leur tour, de l'autre côté du pont. Après les avoir rapidement regroupés, il les fait avancer. Lorsqu’ils sont retenus par l'ennemi embusqué dans des casemates, il organise des attaques couronnées de succès. Dans un cas, il élimine lui-même les occupants d'une position à l'aide de grenades. Après que plusieurs de ses messagers sont tombés au combat, il garde personnellement contact avec ses hommes postés dans différents endroits stratégiques.
Bien que blessé lui-même à deux reprises, le Lieutenant-colonel Merritt continue de mener les opérations de son unité d'une façon vigoureuse et déterminée et, alors qu'il planifie la retraite, il traque un tireur embusqué et le tue à bout portant. Ensuite, calmement, il donne des ordres pour le départ et annonce son intention de résister aux attaques et d'obtenir sa revanche sur l'ennemi. Lorsqu'il est vu pour la dernière fois, il rassemble des mitrailleuses Bren et des mitraillettes Thompson et prépare une position défensive qui couvre avec succès la retraite de la plage.
On rapporte que le Lieutenant-colonel Merritt est maintenant prisonnier de guerre.
C’est au courage et à l'audace de ce commandant qu’il faut en grande partie attribuer le succès des opérations de son unité et du réembarquement sécuritaire d'une grande partie de ses troupes.
Le capitaine honoraire John Weir Foote Service d'aumônerie Canadien Dieppe, France, le 19 août 1942
John Weir Foote naît à Madoc, en Ontario, le 5 mai 1904. Ministre presbytérien, il s'enrôle dans le Service de l’aumônerie canadien au début de la Seconde Guerre mondiale.
Le 19 août 1942, le Capitaine honoraire Foote est attaché au Royal Hamilton Light Infantry (RHLI), l'un des bataillons de la 2e Division d’infanterie canadienne qui participent au raid contre le port de Dieppe ce jour-là. Après avoir débarqué, l’aumônier Foote aide le médecin militaire du RHLI à soigner les blessés au poste de secours régimentaire. Il quitte souvent la sécurité relative du poste et se rend à la plage où, à découvert, il prodigue les premiers soins aux nombreux blessés et leur administre des injections de morphine pour calmer leurs souffrances. Plus tard, il transporte des blessés du poste de secours régimentaire jusqu'à la péniche de débarquement qui doit servir à évacuer les survivants de la force d’intervention. L’aumônier Foote décline l’offre d’embarquer, préférant continuer à servir ceux qui sont encore là et partager leur sort de prisonniers de guerre.
À la fin de la guerre, l’aumônier Foote reçoit la Croix de Victoria pour sa conduite à Dieppe, la seule à avoir été décernée à un aumônier canadien. Il s'éteint à Hamilton, en Ontario, le 2 mai 1988.
Citation
À Dieppe, le 19 août 1942, le Capitaine honoraire Foote, du Canadian Chaplain Service (services d’aumônerie canadien), était aumônier de régiment auprès du Royal Hamilton Light Infantry.
À son débarquement sur la plage, sous un tir nourri, il rejoint le poste de secours régimentaire qui a été établi dans une petite dépression de la plage, mais qui ne suffit qu'à abriter quelques hommes en position couchée. L'action se poursuit pendant les huit heures suivantes, et cet officier ne se contente pas de seconder l'officier médical du poste de secours en donnant des soins aux blessés. À plusieurs reprises, en effet, il quitte cet abri pour faire des injections de morphine, donner les premiers soins et transporter les blessés étendus sur la plage jusqu'au poste de secours. Pendant ces déplacements, et au mépris absolu de sa propre sécurité, il s'expose à l'enfer du feu ennemi et sauve de nombreuses vies grâce à ses courageux efforts. Dans le feu de l'action, à la marée descendante, le poste de secours est déplacé à l'abri d'une péniche de débarquement échouée. Le Capitaine honoraire Foote transporte sans relâche et courageusement les blessés de la plage découverte vers la péniche de débarquement. Il en sort également des soldats blessés lorsque des obus ennemis mettent le feu à leurs munitions. Lorsqu'une péniche de débarquement fait son apparition, il y transporte les blessés du poste de secours sous des tirs très nourris.
À plusieurs occasions, cet officier a l'occasion de monter à bord, mais il retourne plutôt à la plage, sa principale préoccupation étant les soins à apporter aux blessés et leur évacuation. Il refuse une dernière chance de s'embarquer, choisissant plutôt de subir le sort des hommes dont il s'occupe depuis plus de trois ans.
Le Capitaine honoraire Foote a sauvé de nombreuses vies grâce à ses efforts, et son exemple a été une inspiration pour ses compagnons. Ceux qui l'ont observé affirment qu'ils n'oublieront jamais cet officier héroïque transportant calmement les blessés étendus sur la plage, sous une pluie de balles.
Le capitaine Frederick Thornton Peters Royal Navy Oran, Afrique du Nord, le 8 novembre 1942
Date et lieu de naissance :
Le 17 septembre 1889 Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard, Canada
Fils de Frederick et Bertha Hamilton Peters, de Nelson (Colombie-Britannique). Son frère Gerald Hamilton Peters a servi dans le Première Guerre mondiale et il est dédédé le 3 juin, 1916. Son père fut procureur général et le premier Premier ministre libéral de cette province. Il a fait ses études à l'école St. Peter's Private School, puis poursuivi son éducation à Victoria en Colombie-Britannique avant d'être admis à l'École navale en Angleterre. Il en sortit avec le grade d'aspirant de marine et trois ans plus tard il a été promu au grade de sous-lieutenant. Durant la Première Guerre, il a été décoré de l'Ordre du Service distingué (la première fois que cette décoration était décernée à un Canadien) et de la Croix du Service distingué pour actes de bravoure. Peu de temps après avoir reçu la Croix de Victoria pendant qu'il se rendait en Angleterre, l'avion dans lequel il se trouvait s'écrasa et il fut tué. On ne connaît pas le lieu de son inhumation mais son nom apparaît sur le Naval Memorial érigé à Portsmouth en Angleterre. Décédé le 13 novembre 1942.
Âge Force Unité Division Mention élogieuse
53 ans Marine Royal Navy H.M.S. Excellent Croix de Victoria
La citation, publiée dans le London Gazette du 14 mai 1943, se lit comme suit (traduction)
Le capitaine Peters dirigea l'attaque suicide effectuée par deux petits cotres à Oran. Le Walney et le Hartland étaient deux cotres ayant déjà appartenus aux Américains et qui furent perdus à la suite d'une attaque dans le port d'Oran lors des débarquements sur les côtes de l'Afrique du Nord. Le capitaine Peters et ses hommes furent attaqués à bout portant non seulement par les forces sur le rivage mais aussi par un contre-torpilleur et un croiseur, un fait d'armes qui fut décrit comme étant l'un des grands épisodes de l'histoire navale. Grandement endommagé et en flammes, le Walney atteignit finalement la jetée où il sombra avec son pavillon hissé. Le capitaine Peters, à moitié aveugle, fut le seul survivant des dix-sept hommes à bord du Walney. Il fut fait prisonnier mais plus tard, lors de la capture d'Oran, il fut libéré et porté à travers les rues de la ville par les citoyens qui le couvrirent de fleurs. Il mérita l'Ordre du service distingué et la Croix du Service distingué au cours de la dernière guerre.
Ordre du service distingué (George V), London Gazette, le 30 mars 1915, Croix du service distingué (George V), London Gazette, le 8 mars1918 et agrafe -London Gazette, le 11 juillet 1940. Médaille de guerre britannique, Médaille de la Victoire, Étoile de 1939-45, Étoile d'Afrique avec agrafe (Afrique du Nord 1942-1943), Médaille de 1939-1945, Distinguised Service Cross (É.-U.).
Le capitaine Paul Triquet Royal 22e Régiment Casa Berardi, Italie, le 14 déc. 1943
Paul Triquet naît à Cabano, au Québec, le 2 avril 1910. À 17 ans, il s'enrôle dans le Royal 22e Régiment. En décembre 1943, le Capitaine Triquet est commandant de compagnie au sein de son bataillon qui sert en Italie avec la 1re Division d’infanterie de l'Armée canadienne.
Le 13 décembre 1943, la 1re Division d’infanterie projette de contourner l’extrémité ouest des défenses allemandes en fonçant vers l’intérieur depuis la mer Adriatique, juste au sud de la petite ville côtière d’Ortona. En contournant la ligne ennemie, la 1re Division espère ouvrir la voie vers Ortona, son objectif, et capturer la ville. Pour garantir la réussite du plan, le Royal 22e Régiment doit progresser vers le nord-est, le long de la route vers Ortona, afin de s’emparer d’un important carrefour routier.
À 10 h 30 le matin du 14 décembre, les Compagnies (C) et (D) du Royal 22e, soutenues par les chars de l’Escadron (C) de l'Ontario Regiment, commencent à avancer des deux côtés de la route. La force a déjà rencontré et détruit deux chars allemands. Sur la gauche, à mi-chemin environ du hameau de Casa Berardi, la Compagnie (C) du Capitaine Triquet commence à rencontrer une forte résistance assurée par des mitrailleuses et de l’infanterie ennemie embusquées dans des bâtiments en ruine et sur un terrain favorable aux défenseurs, tous bénéficiant en plus du soutien de chars et de canons automoteurs. Sur la droite, la Compagnie (D) se perd et ne participe plus aux combats ce jour-là. La Compagnie (C) et les chars de l’Ontario Regiment se fraient un chemin et éliminent trois autres chars ainsi que les positions défensives allemandes. À ce moment, la compagnie ne compte plus que 50 hommes et un officier (Triquet). Malgré le manque de munitions, le Capitaine Triquet, ses hommes et les chars d'appui poursuivent leur attaque, prennent Casa Berardi tard dans l’après-midi et se rendent près du carrefour. Là, les survivants, qui ne sont plus que 15 accompagnés de 4 chars, sont arrêtés par des tirs de mortiers et se retirent dans Casa Berardi afin de se préparer aux contre-attaques. Alors que la noirceur tombe, la Compagnie (B) du Royal 22e arrive afin de prêter main-forte à Triquet. Aux premières heures du 15 décembre, les deux dernières compagnies du bataillon ont atteint Casa Berardi. Le flanc ouest de la ligne allemande a été renversé. Pour son courageux leadership et sa détermination qui ont permis de prendre et de conserver Casa Berardi, le Capitaine Triquet se voit décerner la Croix de Victoria. Le Capitaine Triquet s’éteint à Québec, au Québec, le 4 août 1980.
Citation
Pour ses qualités de chef et son exemple remarquable.
La prise du carrefour clé sur la principale voie Ortona-Orsogna repose entièrement sur celle du hameau de Casa Berardi. Or, les Allemands ont transformé cet endroit et un ravin situé en face en des centres de résistance extrêmement bien défendus par l'infanterie et les chars d'assaut.
Le 14 décembre 1943, la compagnie du Royal 22e Régiment du Capitaine Triquet, appuyée par un escadron de régiment blindé canadien, se voit confier la tâche de traverser le ravin et de prendre Casa Berardi. Des difficultés se présentent dès le départ. Le ravin est fort bien gardé et en s'en approchant, la compagnie est attaquée par des rafales de mitrailleuses et de mortiers. Tous les officiers et la moitié des soldats de la compagnie sont tués ou blessés. Faisant preuve d'un superbe mépris envers l'ennemi, le Capitaine Triquet s'affaire à regrouper les survivants et à les encourager en leur disant: Ne vous occupez pas d'eux; ils ne savent pas tirer. Enfin, lorsqu'il constate l'infiltration de l'ennemi de tous les côtés, il crie: Il y a des ennemis devant nous, derrière nous et sur nos flancs. Il ne reste qu'une place sans danger, soit vers l'objectif. Il se précipite en avant et, avec ses hommes derrière lui, il vient à bout de la résistance de l'ennemi. Au cours de cet assaut, quatre chars sont détruits et plusieurs positions ennemies de mitrailleuses sont réduites au silence.
Luttant contre une défense acharnée et sous un tir nourri, le Capitaine Triquet et sa compagnie, en étroite collaboration avec les chars d'assaut, se frayent un passage jusqu'à ce qu'ils atteignent une position à la lisière de Casa Berardi. À ce stade, l’effectif de la compagnie est réduit à 2 sergents et à 15 soldats. En prévision d'une contre-attaque, le Capitaine Triquet se met rapidement à former, avec sa poignée d'hommes, un périmètre défensif autour des chars d'assaut qui restent, puis fait circuler le mot d'ordre : Ils ne passeront pas.
Les Allemands mènent presque immédiatement une contre-attaque appuyée par des chars d'assaut. Ignorant le feu nourri, le Capitaine Triquet est partout à la fois, encourageant ses hommes, dirigeant les opérations et, utilisant tout ce qui lui tombe sous la main, il abat plusieurs soldats ennemis. Cette attaque et les suivantes sont repoussées et se soldent par de lourdes pertes. Contre toute attente, le Capitaine Triquet et son petit groupe tiennent bon jusqu'à ce que le reste du bataillon s'empare de Casa Berardi et leur vienne en aide le lendemain.
Tout au long de cet affrontement, le Capitaine Triquet a fait preuve d'un courage et d'un entrain hors du commun, sous un tir nourri. Partout où la situation est la plus précaire, on peut l'observer en train de lancer des cris d'encouragement à ses hommes et d'organiser la défense. Son mépris absolu du danger, son entrain et son sens du devoir inlassable sont une source d'inspiration intarissable pour ses hommes. Ses talents tactiques et ses qualités de chef leur ont permis, quoique réduits à une simple poignée en raison des pertes, de poursuivre leur marche contre une résistance farouche et de conserver leur avance en dépit de contre-attaques résolues. On lui doit donc la prise de Casa Berardi et l'ouverture de la voie pour l'attaque du carrefour vital.
Le major Charles Ferguson Hoey 1er bataillon, The Lincolnshire Regiment Maungdaw, Birmanie, le 16 février 1944
Date et lieu de naissance :
Le 29 mars 1914 Duncan, Vancouver Island, Columbie-Britannique, Canada
Fils de Ferguson et Mary Rudyard Hoey de Duncan, l'Ile de Vancouver, (Colombie-Britannique). Il étudia aux écoles primaire et secondaire de Duncan. En avril 1933 il partit vers l'Angleterre avec l'intention de faire carrière dans l'armée. Il s'engagea dans le West Kent Regiment, et ayant obtenu une bourse, il entra au Royal Military College à Sandhurst en septembre 1935. Diplômé de Sandhurst en décembre 1936, et après une brève visite à Duncan, il s'engagea dans le 2e bataillon du Lincolnshire Regiment maintenant rebaptisé le Royal Lincolnshires à la suite de la bataille de Birmanie. Il fut transféré au 1er bataillon du Lincolnshire qui était alors aux Indes où il se rendit en septembre 1937. Il partit pour la Birmanie avec le 1er bataillon en 1942 et y demeura jusqu'à sa mort en février 1944. En juillet 1943, on lui décerna la Croix militaire pour sa bravoure à Maungdaw au cours d'un raid sur une position japonaise. Il reçut la Croix de Victoria à la suite des événements décrits dans la citation. Le major Hoey est inhumé au cimetière de Taukkyan à Rangoon, Birmanie. Sa Croix de Victoria est exposée dans la caserne Sabraon, à Lincoln, en Angleterre. Décédé le 17 février 1944.
Matricule Âge Force Unité Division
71106 29 Armée Lincolnshire Regiment 1st Bn
Mention élogieuse :
Croix de Victoria: Extrait de la London Gazette (16 mai 1944) (traduction) :
Le 16 février 1944, la compagnie du major Hoey faisait partie d'une unité en Birmanie ayant pour mission de capturer un poste stratégique à tout prix. Après avoir marché toute la nuit à travers un territoire occupé par l'ennemi, les hommes arrivèrent aux positions ennemies où ils furent accueillis par un feu nourri de mitrailleuses. Dans ces conditions, le major Hoey mena personnellement ses hommes jusqu'au coeur du poste à capturer. Quoique blessé au moins à deux reprises à la jambe et à la tête, il saisit une mitraillette Bren des mains de l'un de ses hommes et continua de tirer tout en menant sa compagnie à son but. Même avec de telles blessures, les membres de la compagnie avaient peine à le suivre; le major Hoey fut le premier à arriver au poste où il tua tous les occupants avant d'être mortellement blessé lui-même. La bravoure extraordinaire et les qualités de chef du major Hoey, ainsi que sa détermination et son manque total de souci pour sa propre sécurité, ont permis la capture de ce poste vital. On lui décerna la Croix militaire à titre posthume (juillet 1943, Maungdaw), l’Étoile de 1939-1945, l’Étoile de Birmanie et la Médaille 1939-1945.
Le major John Keefer Mahony The Westminster Regiment (mortorisé) Rivière Melfa, Italie, le 24 mai 1944
John Keefer Mahony naît à New Westminster, en Colombie-Britannique le 30 juin 1911. Avant la Seconde Guerre mondiale, il est officier de milice dans le Westminster Regiment et y demeure quand le régiment devient mobilisé outre-mer.
Le 24 mai 1944, en Italie, le Major Mahony fait franchir la rivière Melfa à sa compagnie, sous un intense tir d’artillerie. Sa mission est d’établir une solide tête de pont sur le côté ouest de la rivière et fait partie des opérations menées par le 1er Corps canadien visant à briser la ligne Adolf Hitler. Bien que menacée par une force nettement supérieure, la compagnie du Major Mahony réussit à tenir la tête de pont durant cinq heures sous un feu continu, jusqu’à l’arrivée des renforts. Lors de deux contre-attaques allemandes, ses hommes détruisent trois canons automoteurs et un char – fait d’armes remarquable si l’on considère qu’ils n’ont pas de canons antichars. Malgré trois blessures, le Major Mahony est une constante source d’inspiration et de détermination et, sans relâche, il organise la défense, visite ses hommes dans leurs positions et dirige personnellement le tir des armes antichars légères disponibles. Pour le leadership et le courage exemplaires dont il a fait preuve à cette occasion, le Major Mahony se voit décerner la Croix de Victoria. Le Major Mahony s'éteint à London, en Ontario, le 16 décembre 1990.
Citation
Le 24 mai 1944, la compagnie (A) du Westminster Regiment (Motor), sous le commandement du Major Mahony, reçoit l'ordre d'établir la première tête de pont sur la rivière Melfa.
L'ennemi détient encore de solides forces composées de chars d'assaut, de canons automoteurs et de troupes d’infanterie occupant des positions défensives à l'est de la rivière. Malgré cette situation, le Major Mahony dirige personnellement sa compagnie vers la rivière et la traverse en demeurant avec la section de tête. Bien que la traversée se fasse entièrement à découvert et sous un tir nourri de mitrailleuses des postes ennemis situés sur les fronts droit, arrière et gauche, il dirige chaque section vers la bonne position sur la rive ouest avec un sang-froid et une confiance inébranlables. Une fois la traversée terminée, une petite tête de pont est établie à un endroit où il n'est possible de creuser que des trous pour armes peu profonds. La compagnie résiste au tir et aux attaques de l'ennemi de 15 h 30 à 20 h 30, soit jusqu’à ce que les autres compagnies munies d'armes de soutien réussissent à traverser la rivière pour lui venir en aide.
La tête de pont est entourée sur trois côtés par un canon automoteur de 88 mm, situé à 450 verges à droite, une batterie de quatre canons anti-aériens de 2 cm, à 100 verges à gauche, un Spandau à 100 verges de cette dernière et, à gauche du Spandau, un deuxième canon automoteur de 88 mm et environ une compagnie d'infanterie armée de mortiers et de mitrailleuses à gauche du canon de 88 mm. La compagnie du Major Mahony est constamment la cible de toutes ces armes jusqu'à ce qu'elle arrive à éliminer le matériel automoteur et l'infanterie sur le flanc gauche.
Peu après l'établissement de la tête de pont, l'ennemi contre-attaque avec l'infanterie appuyée par des chars et des canons automoteurs. Cette contre-attaque est renversée par la compagnie à l'aide de ses lance-bombes antichar d'infanterie (PIAT), ses mortiers de 2 po et ses grenades, grâce à l'adresse avec laquelle le Major Mahony a disposé ses positions de défense. Avec une intrépidité absolue et au mépris de sa propre sécurité, le Major Mahony dirige le tir de ses PIAT pendant toute cette intervention, en encourageant et en conseillant ses hommes. À ce stade, la compagnie ne compte plus que 60 hommes et tous les officiers du peloton, à une exception près, ont été blessés. À peine une heure plus tard, les chars d'assaut ennemis se regroupent à quelque 500 verges de la tête de pont et lancent une seconde contre-attaque avec environ une compagnie d’infanterie. Le Major Mahony, déterminé à conserver cette position à tout prix, se promène d’une section à l'autre, prodiguant des mots d’encouragement et dirigeant personnellement le tir des mortiers et d'autres armes.
À un moment donné, une section est arrêtée en pleine campagne par un tir de mitrailleuse précis et intense. Le Major Mahony rampe jusqu'à sa position et, en lançant des grenades fumigènes, réussit à tirer la section de ce mauvais pas avec une seule perte de vie. Cette contre-attaque est enfin repoussée grâce à la destruction de trois canons automoteurs ennemis et d'un char Panther.
Au début du combat, le Major Mahony a été blessé à la tête et à deux reprises à la jambe, mais il refuse tout secours médical et continue de diriger la défense de la tête de pont en dépit des douleurs intenses que provoque le moindre mouvement. Ce n'est qu'après que le reste des compagnies du régiment a traversé la rivière pour lui venir en aide qu'il accepte de faire panser ses blessures, refusant cependant d'être évacué pour demeurer avec sa compagnie.
L'établissement et le maintien d'une tête de pont sont essentiels à l'ensemble du combat du Corps canadien et un échec à ce chapitre se traduirait par une nouvelle attaque entraînant probablement de lourdes pertes de vie, de matériel et de temps, en plus de donner à l'ennemi un moment de répit qui pourrait freiner l'élan de l'avance du Corps.
Conscient de ce fait, le Major Mahony ne laisse jamais l'idée d'un échec ou d'un repli envahir son esprit et insuffle sa fougue et sa détermination à tous ses hommes. Au premier signe d'hésitation, il s'empresse d'encourager par l'exemple les soldats qui subissent la tension du combat. L'ennemi s'aperçoit que cet officier est l'âme de la défense et, par conséquent, il est la cible de toutes leurs armes, des fusils au canon de 88 mm. Le Major Mahony les ignore totalement et, faisant preuve d'un courage remarquable et au mépris du danger qu'il court, il commande sa compagnie avec une confiance, une énergie et une adresse telles que tous les efforts de l'ennemi visant à détruire la tête de pont sont vains.
Le courage remarquable dont le Major Mahony a fait preuve dans ce combat demeurera à jamais une inspiration pour son Régiment et pour l'Armée canadienne.
Le sous-lieutenant d'aviation Andrew Charles Mynarksi Aviation royale du Canada France, le 12 juin 1944
Andrew Charles Mynarski naît à Winnipeg, au Manitoba, le 14 octobre 1916. Il s'enrôle dans l’Aviation royale du Canada (ARC) en 1941.
Dans la nuit du 12 au 13 juin 1944, le Sous-lieutenant d’aviation Mynarski est mitrailleur dorsal à bord d’un bombardier Avro Lancaster du 419e Escadron de l’ARC durant une attaque contre la gare ferroviaire de marchandises à Cambrai, en France. L’avion est attaqué par un chasseur de nuit allemand, les deux moteurs gauches tombent en panne, et un incendie éclate entre les tourelles dorsales et arrière ainsi que dans le réservoir d’essence de l’aile gauche. L’incendie prend bientôt une telle ampleur que le pilote ordonne d’abandonner l’appareil. Alors que Mynarski quitte sa tourelle et se déplace vers la trappe d’évacuation, il s’aperçoit que le mitrailleur arrière, le Lieutenant d’aviation G. P. Brophy, est incapable de sortir de sa tourelle, qui ne peut être déplacée en raison d’une panne des circuits hydraulique et manuel. Le Sous-lieutenant d'aviation Mynarski se dirige immédiatement vers l’arrière, au milieu des flammes, afin de libérer Brophy. Son parachute et ses pantalons maintenant en feu, Mynarski s’efforce sans succès de déplacer la tourelle et de libérer Brophy. À ce moment-là, le Lieutenant d'aviation Brophy indique clairement qu’il n’y a plus rien à faire et que Mynarski doit tenter de se sauver. À regret, le Sous-lieutenant d'aviation Mynarski retourne à la trappe d’évacuation au milieu des flammes et saute, son parachute et ses vêtements en feu. Après avoir touché terre, il est finalement trouvé par les Français, mais il meurt en raison de la gravité de ses brûlures.
La Croix de Victoria est décernée à titre posthume au Sous-lieutenant d’aviation Mynarski pour sa tentative courageuse et désintéressée en vue de sauver son camarade. De façon miraculeuse, le Lieutenant d’aviation Brophy survit à l’écrasement du Lancaster en détresse et, grâce à la Résistance française, il est de retour en Angleterre en septembre.
Citation.
Le Sous-lieutenant d'aviation Mynarski est mitrailleur dorsal à bord d'un appareil Lancaster qui doit attaquer une cible à Cambrai (France), la nuit du 12 juin 1944. L'appareil est attaqué par-dessous et par l'arrière par un avion ennemi, et il finit par s'écraser en flammes.
Immédiatement après cette attaque, les deux moteurs de gauche s'arrêtent. Un incendie se déclare entre la tourelle centre-supérieure et la tourelle arrière de même que dans l'aile gauche. Les flammes s'intensifient et le capitaine ordonne à l'équipage d'abandonner l'appareil.
Le Sous-lieutenant Mynarski quitte sa tourelle et se dirige vers la trappe d'évacuation. Il constate alors que le mitrailleur arrière est toujours dans sa tourelle et semble incapable d'en sortir. En fait, la tourelle est immobilisée, étant donné que l'équipement hydraulique est devenu hors d'usage depuis l'arrêt des moteurs de gauche et que le mitrailleur a brisé l'équipement manuel en tentant de s'échapper.
Sans hésitation, le Sous-lieutenant Mynarski traverse les flammes pour tenter d'atteindre la tourelle arrière et de dégager le mitrailleur. Ce faisant, son parachute et ses vêtements, jusqu'à la taille, prennent feu. Tous ses efforts pour dégager son compagnon demeurent vains. Celui-ci lui indique clairement qu'il ne peut rien faire de plus et qu'il doit essayer de sauver sa propre vie. Le Sous-lieutenant Mynarski retourne à regret à travers les flammes vers la trappe d'évacuation. Il se retourne alors vers le mitrailleur emprisonner et, dans un dernier geste, se met au garde-à-vous dans ses vêtements en flammes et le salue avant de sauter de l'appareil. Sa descente est aperçue par des Français qui se trouvent au sol. Son parachute et ses vêtements sont en feu. Les Français finissent par le trouver, mais ses brûlures sont si graves qu'il n'y survit pas.
Le mitrailleur arrière s'en sort par miracle lorsque l'appareil s'écrase. Il affirme plus tard que si le Sous-lieutenant Mynarski n'avait pas tenté de lui sauver la vie, il aurait pu quitter l'avion en toute sécurité et certainement échapper à la mort.
Le Sous-lieutenant Mynarski devait être tout à fait conscient qu'en essayant de libérer le mitrailleur arrière, il était presque sûr d'y laisser sa propre vie. Il s’est tout de même porté au secours de son compagnon avec un courage remarquable et au mépris de sa propre sécurité. Acceptant volontairement le danger, il perd la vie en raison d'un acte d'héroïsme insigne exigeant un courage peu commun.
Le capitaine d'aviation David Ernest Hornell Aviation royale due Canada Patrouille maritime, Mer du Nord, le 25 juin 1944
David Ernest Hornell naît à Toronto, en Ontario, le 26 janvier 1910. En 1941, il s’enrôle dans l’Aviation royale du Canada (ARC), devient pilote puis obtient sa commission d'officier en 1942. À l’époque de l’opération pour laquelle il a mérité la Croix de Victoria à titre posthume, le Capitaine d’aviation Hornell pilote, en tant que commandant de bord, des avions amphibies Consolidated Canso pour l’Escadron de bombardiers de reconnaissance no 162 de l’ARC, à la station Wick de la Royal Air Force (RAF), dans le Nord de l’Écosse.
À la fin de la journée du 24 juin 1944, le Canso de Hornell termine sa patrouille de 12 heures au-dessus de l’Atlantique Nord lorsque le sous-marin allemand U-1225 est aperçu en surface à environ 120 milles au nord des îles Shetland. Au moment où l’avion exécute son vol d’attaque, un feu antiaérien intense et précis en provenance du sous-marin endommage le moteur droit et cause un incendie sur l’aile droite. Avec beaucoup de détermination et d’habilité, le Capitaine d'aviation Hornell maintient la trajectoire de vol du Canso malgré les vibrations, largue ses quatre bombes de profondeur sur la cible et coule le sous-marin. Peu après, le moteur droit se détache de l’aile et force Hornel à abandonner l’avion, tout en flammes, dans une mer agitée. Pendant plusieurs heures, disposant d’un seul canot pneumatique en bon état, les huit membres d’équipage, immergés dans l’eau glacée, s’y accrochent à tour de rôle. Même si le canot pneumatique est repéré par un hydravion à coque Consolidated Catalina appartenant au No. 333 (Norwegian) Squadron de la RAF cinq heures après que Hornell a abandonné son avion, les tentatives de sauvetage échouent durant les 16 heures qui suivent en raison de la mer démontée et du mauvais fonctionnement du matériel. Deux membres d’équipage meurent finalement de froid. À un certain moment, les hommes du Capitaine d’aviation Hornell doivent retenir celui-ci, lorsque, au bout de ses forces et sur le point de devenir aveugle, il propose de nager jusqu’à un canot qui a été lâché des airs. Finalement, au bout de 21 heures, une vedette de sauvetage arrive pour recueillir les survivants, mais toutes les tentatives pour réanimer le Capitaine d'aviation Hornell échouent; il est mort de froid.
Le Capitaine d’aviation Hornell est le premier membre de l’ARC à avoir été décoré de la Croix de Victoria.
Citation
Le Capitaine d'aviation Hornell était capitaine et premier pilote d'un avion amphibie bimoteur faisant partie d'une patrouille anti-sous-marine dans les eaux nordiques. La patrouille se poursuit depuis quelques heures lorsqu'il aperçoit, à la surface de l'eau, un sous-marin allemand filant à toute vitesse par le travers bâbord. Le Capitaine Hornell se prépare immédiatement à l'attaque.
Le sous-marin modifie sa course. Il a aperçu l'avion et il ne peut être surpris. Le sous-marin attaque avec un tir anti-aérien qui devient de plus en plus intense et précis.
À une distance de 1 200 verges, les canons avant de l'appareil répliquent, puis les canons de droite bloquent, n'en laissant qu'un seul en fonctionnement. La tour de commandement du sous-marin et la surface environnante sont touchées, mais l'avion subit également des dommages, dont deux trous béants à l'aile droite.
Ignorant le tir de l'ennemi, le Capitaine d'aviation Hornell se prépare soigneusement à l'attaque. De l'huile s'échappe de son moteur droit, qui a déjà pris feu, tout comme l'aile droite; les réservoirs sont menacés. Pendant ce temps, l'appareil est touché à plusieurs reprises par les canons du sous-marin. Transpercé en de nombreux endroits, il vibre violemment et devient difficile à maîtriser.
Néanmoins, le capitaine décide de donner l'attaque, sachant que chaque minute qui passe réduit les chances que son courageux équipage et lui ont de s’échapper. Il fait donc descendre son appareil à très basse altitude et lance ses grenades sous-marines en encadrant parfaitement son objectif. La proue du sous-marin est propulsée hors de l'eau avant de sombrer. On aperçoit alors des membres d'équipage à la mer.
Déployant des efforts surhumains, le Capitaine d'aviation Hornell trouve le moyen de prendre un peu d'altitude. L'incendie de l'aile droite s'est intensifié, et la vibration s'est accentuée. Puis, le moteur en feu se détache. La situation de l'appareil et de son équipage est dorénavant désespérée. Avec le plus grand sang-froid, le capitaine reprend l'appareil et, malgré les nombreux dangers, le descend en toute sécurité sur la forte houle. Lourdement endommagé et en flammes, l'appareil s'immobilise rapidement.
Les avaries attribuables au feu sont suivies de celles occasionnées par l'eau. L'appareil ne compte qu'un seul canot pneumatique utilisable et il est impossible d'y faire monter tous les membres d'équipage. Ils s'accrochent donc aux bords de l'embarcation, à tour de rôle. Lorsque le canot chavire dans les eaux houleuses et qu'il est redressé avec beaucoup de difficultés, deux membres d'équipage meurent de froid.
Un canot aéronautique leur est lancé, mais il est poussé par le vent à 500 verges d'eux. Les hommes s'efforcent en vain de l'atteindre et le Capitaine d'aviation Hornell, qui les a constamment encouragés par son entrain et son leadership inspirant, leur propose de nager jusqu'à l'embarcation, bien qu'il soit au bord de l'épuisement. Il a été difficile de l'en empêcher. Les survivants sont enfin secourus après avoir passé 21 heures dans l'eau. À ce stade, le Capitaine d'aviation Hornell a perdu la vue et il est complètement épuisé. Il meurt peu après avoir été secouru.
Le Capitaine d’aviation Hornell a accompli 60 missions opérationnelles comportant 600 heures de vol. Il connaissait bien le danger et les difficultés liés aux attaques contre les sous-marins. En donnant l'attaque malgré une féroce opposition et avec un appareil en piteux état et en stimulant et en encourageant ses camarades dans l'épreuve qui a suivi, cet homme a fait preuve d'une bravoure et d'un sens du devoir peu communs.
Le commandant d'aviation Ian Willoughby Bazalgette Royal Air Force Trossy St-Maximin, France, le 4 août 1944
Date et lieu de naissance :
Le 19 octobre 1918 Calgary, Alberta, Canada
Ian Willoughby Bazalgette est le fils de Charles Ian et Marion Edith Bunn Bazalgette. En 1923, sa famille déménagea à Toronto, en Ontario, où il fit ses études primaires à l'école Balmy Beach avant de partir pour l'Angleterre et avec ses parents qui retournaient dans leur pays natal. Il compléta ses études à Rokeby, The Downs, Wimbledon, et avec des professeurs particuliers. En septembre 1940, il fut nommé à un commandement dans la Royal Artillery et l'année suivante il fut transféré à la Réserve des Volontaires de la Royal Air Force. À l'automne de 1942, il fut affecté à l'escadrille no 115 de la Royal Air Force et en septembre 1943, il devint instructeur avant de rejoindre l'escadrille n o 635 (Pathfinder) en avril 1944 à titre de commandant d'escadrille avec le grade de commandant d'aviation. Il obtint la Distinguished Flying Cross en Italie le 9 juillet 1943. En 1949, une montagne fut nommée en son honneur dans le parc national Jasper. Le commandant d'aviation Bazalgette est inhumé dans le lot militaire du cimetière de Senantes, Oise, France, à quelques douze milles à l'ouest-nord-ouest de Beauvais. Sa Croix de Victoria est en montre au musée Hendon de la R.A.F. en Angleterre. À l'été 1990, une plaque a été dévoilée par Mme Ethel Broderick, la soeur de Ian Bazalgette, et l'immatriculation de l'aéronef de M. Bazalgette (F2-T) a été dévoilée par Chuck Godfrey, DFC, son radiotélégraphiste (Escadrille de construction verticale), et George Turner, son mécanicien naviguant. Un CF-5 des Forces armées et un Aurora de l'Escadron no 407ont participé à un défilé aérien, à Comox. Hamish Mahaddie, une véritable légende de l'AR qui permis à Ian de se joindre aux Éclaireurs, et Larry Melling, DFC, un pilote qui vola avec Baz au sein de l'Escadron no 635, étaient des conférenciers d'honneur au banquet. Le maître de cérémonie était Duke Warren, DFC.
Matricule Âge Force Unité Division
118131 25 Aviation militaire Royal Air Force 635 Squadrom
Volunteer Reserve
Mention élogieuse :
Croix de Victoria Extrait du The London Gazette, le 17 août 1945 Le 4 août 1944, le commandant d'aviation Bazalgette était bombardier-en-chef d'une escadrille d'éclaireurs (Pathfinder) qui avait pour mission de marquer une cible importante à Trossy St-Maximin pour l'escadrille de bombardiers qui suivit. Alors qu'il s'approchait de la cible, son Lancaster fut attaqué par une volée de tir anti-aérien. Les deux moteurs droits furent complètement détruits et des incendies éclatèrent dans le fuselage de l'avion. Le viseur de lance-bombes fut gravement blessé. Comme le sous-chef bombardier avait déjà été abattu, le succès de l'opération reposait maintenant sur le chef d'escadrille Bazalgette qui évalua la situation. En dépit de la condition pitoyable de son avion, il continua vers la cible et la marqua avec précision. C’est grâce à son effort magnifique que l'attaque fut un succèès. Immédiatement après le lancement des bombes, le Lancaster piqua presque hors de contrôle. C'est avec beaucoup d'efforts et d'expérience que le chef d'escadrille Bazalgette put reprendre contrôle de son avion, mais le moteur gauche tomba en panne et tout le côté droit de l'avion prit feu. Le commandant d'aviation Bazalgette lutta bravement pour sauver son avion et son équipage. Un mitrailleur fut incommodé par les émanations. Le commandant d'aviation Bazalgette ordonna à ceux de son équipage qui le pouvaient de sauter en parachutes. Il resta alors aux commandes et tenta de poser l'avion en flammes dans un dernier effort pour sauver la vie du viseur de bombes et du mitrailleur. Avec une maîtrise incroyable et ayant pris soin d'éviter un petit village avoisinant, il se posa sans incident. Malheureusement, quelques instants plus tard, l'avion explosa et ce brave officier ainsi que ses deux camarades périrent. Son sacrifice héroïque fut le point culminant d'une longue bataille contre l'ennemi. Croix de services distinguées, decernée le 1 juillet 1943 London.
Le major David Vivian Currie The South Alberta Regiment (29e régiment d'automitrailleuses) Saint-Lambert-sur-Dives, France du 18 au20 août 1944
David Vivian Currie naît à Sutherland, en Saskatchewan, le 8 juillet 1912. Avant la Seconde Guerre mondiale, il est membre d’une unité de la milice basée à Moose Jaw, en Saskatchewan. Durant la campagne en France qui suit le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, le Major Currie sert dans le 29e Régiment de reconnaissance blindé (The South Alberta Regiment).
Le Major Currie a obtenu la Croix de Victoria pour les faits d'armes accomplis le 18 août 1944 en vue de capturer et de tenir le village de Saint-Lambert-sur-Dives, durant la bataille visant à bloquer la voie d’évasion d'importantes forces allemandes isolées dans la poche de Falaise. À la tête d’une petite formation composée de chars, de soldats d’infanterie et de canons antichars, mais sans l’appui de l’artillerie de campagne, il organise une attaque du village et réussit à s’emparer d’une position située à mi-chemin à l’intérieur de l’agglomération et à la renforcer. Pendant 36 heures, les hommes du Major Currie contrecarrent à plusieurs reprises les tentatives de l’infanterie et des chars allemands pour se frayer un passage dans le village en contre-attaquant les Canadiens. Finalement, le Major Currie et ses hommes reprennent l’attaque et chassent l’ennemi de Saint-Lambert-sur-Dives, confirmant ainsi la prise du village. Les hommes du Major Currie causent la perte de 800 soldats allemands et font 2 100 prisonniers. Le Major Currie s'éteint à Ottawa, en Ontario, le 24 juin 1986.
Citation
En Normandie, le 18 août 1944, le Major Currie commande une petite force mixte, composée de chars d'assaut, de canons antichars automoteurs et de troupes d'infanterie, à qui on a ordonné de couper une des principales voies d'évasion de la poche de Falaise.
Cette force est retenue par une solide résistance ennemie dans le village de Saint-Lambert-sur-Dives, et deux de ses chars sont démolis par des canons de 88 mm. À la tombée du jour, seul et à pied, le Major Currie entre immédiatement dans le village en passant par les avant-postes ennemis, pour faire une reconnaissance des défenses allemandes et dégager les équipages des chars en détresse. Il réussit l'opération malgré un lourd tir de mortier.
Tôt le lendemain matin, sans avoir effectué auparavant un bombardement d'artillerie, le Major Currie dirige personnellement une attaque sur le village malgré une opposition féroce menée par les chars, les canons et l'infanterie des forces ennemies. À midi, il a réussi à saisir et à consolider une position à mi-chemin à l'intérieur du village.
Au cours des 36 heures qui suivent, les Allemands contre-attaquent la force canadienne à maintes reprises, mais le Major Currie a si habilement organisé sa position défensive que ces attaques sont repoussées, occasionnant de graves pertes chez l'ennemi, après de violents combats.
Le 20 août, au crépuscule, les Allemands tentent un assaut final contre les positions canadiennes, mais la troupe assaillante est mise en déroute avant même de pouvoir être déployée. Sept chars ennemis, 12 canons de 88 mm et 40 véhicules sont détruits, 300 Allemands sont tués, 500 blessés et 2 100 faits prisonniers. Ensuite, le Major Currie ordonne rapidement une attaque et achève la capture du village, obstruant ainsi la voie d'évasion Chambois-Trun aux forces restantes des deux armées allemandes isolées dans la poche de Falaise.
Pendant toutes ces journées et ces nuits de combat féroce, le courage et le mépris du danger dont le Major Currie fait preuve servent d'exemple magnifique à tous les hommes de la troupe qu'il commande.
À une occasion, il dirige personnellement le feu de son char de commandement sur un char Tiger qui harcèle sa position et il réussit à le démolir. Au cours d'une autre attaque, pendant que les canons de son char de commandement s'attaquent à d'autres cibles plus éloignées, il se sert d'une carabine pour se débarrasser de tireurs isolés qui ont réussi à s'approcher à moins de 50 verges de son quartier général. La seule fois où des renforts parviennent à se rendre jusqu'à ses forces, c’est lui qui fait avancer les 40 hommes vers leurs positions et leur explique l'importance de leur tâche dans le cadre de la défense. Lorsque, pendant l'attaque suivante, ces nouveaux renforts reculent sous le feu nourri de l'ennemi, il les regroupe lui-même et les met de nouveau en position où, inspirés par ses qualités de chef, ils résistent jusqu'à la fin de la bataille. Sa façon d'employer l'artillerie, qui devient disponible après le début de son attaque originale, est typique de son calme calcul des risques dans n'importe quelle situation. À un moment donné, malgré le fait que des cartouches courtes tombent à moins de 15 verges de son propre char, il ordonne à l'artillerie moyenne de continuer à faire feu en raison de son effet dévastateur sur l'ennemi dans sa zone immédiate.
Durant toutes les opérations, les troupes du Major Currie subissent un grand nombre de pertes de vies humaines. Cependant, il n'envisage jamais la possibilité d'échouer et ne permet jamais qu'elle effleure ses hommes. D'après l'un de ses sous-officiers, nous étions conscients qu'il s'agissait d'une lutte à finir, mais le major était si calme devant la situation qu'il nous était impossible de nous énerver. Tous les officiers sous son commandement étant morts ou blessés au combat, le Major Currie n'a pratiquement aucun répit et ne réussit, en fait, à prendre qu'une heure de sommeil durant toute cette période. Néanmoins, il ne laisse jamais paraître sa fatigue à ses troupes et il saisit toutes les occasions possibles de se rendre aux fosses à armes et aux autres positions défensives pour s'entretenir avec ses hommes, les conseiller sur la meilleure façon d'utiliser leurs armes et les encourager. Lorsque ses troupes obtiennent enfin du secours et qu'il est satisfait de sa mission, il s'endort debout, puis tombe d'épuisement.
Il ne fait aucun doute que la réussite de cette attaque et de la résistance contre l'ennemi, à Saint-Lambert-sur-Dives, peut largement être attribuée au sang-froid de cet officier, à ses grandes qualités de chef et à sa façon d'utiliser habilement le peu d’armes dont il disposait.
Le courage et le sens du devoir dont le Major Currie a fait preuve durant une longue période de combat intense ont été exceptionnels et ils ont eu un effet d'une grande portée sur la réussite de la bataille.
Le soldat Ernest Alvia Smith The Seaforth Highlanders of Canada Rivière Savio, Italie, les 21-22 oct. 1944
Ernest Alvia Smokey Smith naît à New Westminster, en Colombie-Britannique, le 3 mai 1914. Il est le seul soldat à avoir mérité la Croix de Victoria lors de la Seconde Guerre mondiale. Il accomplit le fait d'armes qui lui vaut cette décoration, à Savio, en Italie, les 21 et 22 octobre 1944. Alors qu’une compagnie avancée des Seaforths Highlanders tente de consolider la tête de pont du côté allemand du fleuve Savio, elle est soudainement contre-attaquée par trois chars allemands, deux canons automoteurs et environ trente fantassins. Malgré un feu nourri, le Soldat Smith conduit son détachement PIAT (lance-bombes anti-chars) à découvert vers une position défensive appropriée. Ses hommes se trouvent alors face à face avec l’un des chars allemands, qui s’avance sur le chemin en crachant un feu de mitrailleuses intense. Le Soldat Smith tient sa position et, à une distance de 10 mètres, il tire avec le PIAT et met le char hors de combat. Le détachement s’engage alors sur la route en faisant feu avec des mitraillettes Thompson et force l’ennemi à battre en retraite en désordre.
Le Soldat Smith s’éteint à Vancouver, en Colombie-Britannique, le 3 août 2005
Citation
En Italie, dans la nuit du 21 au 22 octobre 1944, une brigade d'infanterie canadienne reçoit l’ordre d'ériger une tête de pont sur la rivière Savio.
Le Seaforth Highlanders of Canada est sélectionné pour servir d'avant-garde à l'attaque et, par un temps des plus défavorables à l'opération, les soldats traversent la rivière et capturent leur objectif malgré une forte opposition de la part de l'ennemi.
Des pluies torrentielles ont occasionné une crue de six pieds du niveau de la rivière, en l’espace de cinq heures. Étant donné que les rives verticales amollies rendent impossible la construction d'un pont sur la rivière, aucun char ni aucun canon antichar ne peut être transporté sur la rive opposée du cours d'eau déchaîné pour venir en aide aux compagnies de fusiliers.
Tandis que le bataillon de droite consolide son objectif, il est contre-attaqué soudainement par un groupe de trois chars Panther Mark V secondés par deux canons automoteurs et une trentaine de soldats d'infanterie; la situation semble désespérée.
Sous un tir nourri provenant des chars ennemis qui s'approchent, le Soldat Smith, faisant preuve d'un grand sens de l’initiative et de qualités de chef remarquables, fait traverser un champ à son groupe de deux hommes, vers une position lui permettant d'utiliser le mieux possible son lance‑bombe antichar d'infanterie (PIAT). Laissant un homme sur le lanceur, le Soldat Smith traverse la route avec un compagnon et obtient un autre PIAT. Presque aussitôt, un char ennemi descend la route en mitraillant la ligne des fossés. Le camarade du Soldat Smith est blessé. À une distance de 30 pieds et contraint de s'exposer complètement à l'ennemi, le Soldat Smith ouvre le feu avec son lanceur et frappe le char en l'immobilisant. Dix soldats d'infanterie allemands sortent immédiatement à l'arrière du char et le chargent avec des Schmeisser et des grenades. Sans aucune hésitation, le Soldat Smith sort de la route et, avec sa mitraillette Thompson, il tue quatre Allemands à bout portant et fait reculer les autres. Presque aussitôt, un autre char fait feu et d'autres soldats d'infanterie ennemis cernent de près la position du Soldat Smith. Récupérant des chargeurs de fusils Thompson abandonnés dans un fossé, il tient fermement sa position, protégeant son camarade et combattant les ennemis jusqu'à ce qu'ils capitulent et se dispersent en désordre.
À ce stade, un char et les deux canons automoteurs ont été détruits, mais un autre char continue à faire feu de plus loin sur la zone. Démontrant encore un mépris total à l'égard du feu ennemi, le Soldat Smith aide son camarade blessé à se mettre à l'abri et obtient du secours médical pour lui derrière un immeuble situé à proximité. Il retourne à sa position située au bord de la route au cas où surviendrait une autre attaque de l'ennemi.
Étant donné qu'aucune autre attaque n'a lieu, le bataillon peut consolider la tête de pont si essentielle à la réussite de toute l'opération, qui permet en fin de compte de capturer San Giorgio Di Cesena et de pousser l’avance vers la rivière Ronco.
Ainsi, grâce à la détermination inébranlable, au dévouement exceptionnel et au courage extraordinaire dont ce soldat a fait preuve, ses camarades ont été si inspirés que la tête de pont résiste fermement à toutes les attaques ennemies jusqu'à l'arrivée des chars et des canons antichars, quelques heures plus tard.
Le sergent Aubrey Cosens The Queen's Own Rifles of Canada Route Goch-Calcar, Allemagne, les 25-26 fév. 1945
Aubrey Cosens naît à Latchford, en Ontario, le 21 mai 1921. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s’enrôle dans les Argyll and Sutherland Highlanders mais, au milieu de 1944, il passe aux Queen’s Own Rifles of Canada.
La Croix de Victoria a été décernée à titre posthume au Sergent Cosens pour sa bravoure et son leadership énergique lors de l’engagement de Mooshof, en Allemagne, les 25 et 26 février 1945. Avec le soutien de deux chars, le peloton du Sergent Cosens attaque deux fois les centres de résistance allemands qui sont établis dans trois bâtiments de ferme, mais il est repoussé à chaque occasion. Le peloton subit alors une violente contre-attaque durant laquelle son commandant est tué. Le Sergent Cosens prend le commandement du peloton, qui ne comprend désormais que quatre hommes et lui-même. Pendant que ces soldats assurent un tir de protection, le Sergent Cosens s’élance en terrain découvert vers le dernier char encore en état de marche et ouvre le feu sur les bâtiments de ferme. Ayant ordonné au char d’enfoncer le premier bâtiment, Cosens y pénètre seul, tue plusieurs de ses occupants et capture les autres combattants. Il attaque ensuite seul le deuxième et le troisième bâtiment, tuant ou capturant ceux qui restent. Tout de suite après la prise des centres de résistance, le Sergent Cosens est tué d'une balle à la tête par un tireur embusqué.
Citation
Aux Pays-Bas, dans la nuit du 25 au 26 février 1945, le 1er Bataillon des Queen's Own Rifles of Canada lance une attaque contre le hameau de Mooshof afin de s’emparer d’un terrain considéré comme essentiel au développement des opérations.
Aidé de deux chars d'assaut, le peloton du Sergent Cosens attaque l'ennemi qui était réfugié dans trois maisons de ferme et il est repoussé deux fois par une défense fanatique de la part de l'ennemi, qui contre-attaque ensuite. Au cours de cette contre-attaque, le commandant du peloton ainsi qu’un grand nombre de ses soldats sont tués.
Le Sergent Cosens assume immédiatement le commandement des quatre survivants de son peloton et, les ayant placés de façon à ce qu'ils le couvrent, il court à travers le champ vers le seul char d'assaut non atteint et, en dépit du tir nourri des obus et des mortiers, il se place debout devant la tourelle et dirige le feu sur l'ennemi.
Après avoir repoussé une deuxième contre-attaque, le Sergent Cosens ordonne au char d'assaut d'attaquer les maisons de ferme et demande à ses quatre hommes qui ont survécu de suivre en renfort. Dès que le char d'assaut a enfoncé la première maison, le Sergent Cosens y entre seul, tuant plusieurs des occupants et faisant les autres prisonniers.
Seul, sans aide, et malgré un feu nourri de mitrailleuses et d’armes légères, il court ensuite vers les deuxième et troisième maisons, dont il tue ou capture tous les occupants.
Presque immédiatement après cette réduction importante des bastions ennemis, un tireur embusqué tire sur le Sergent Cosens, qui est atteint d'une balle à la tête et meurt presque sur le coup.
Grâce à la bravoure extraordinaire, à l'initiative et à la détermination de cet homme courageux, qui à lui seul a tué au moins 20 hommes et en a fait autant prisonniers, il a été possible de capturer un poste essentiel au succès des opérations futures de la Brigade.
Le major Frederick Albert Tilston The Essex Scottish Regiment Hochwald, Allemagne, le 1er mars 1945
Frederick Albert Tilston naît à Toronto, en Ontario, le 11 juin 1906. Il sert avec l'Essex Scottish Regiment durant la Seconde Guerre mondiale. Avant de se voir décerner la Croix de Victoria, le Major Tilston avait déjà été blessé à deux reprises : la première fois à l’entraînement, et la deuxième fois par une mine terrestre durant les combats autour de Falaise, en France, à l’été de 1944.
Fin février, début mars 1945, la 1re Armée canadienne lutte afin d’éliminer la résistance ennemie dans la forêt de Hochwald, dernière position défensive de l’Allemagne sur la rive occidentale du Rhin. En fait, les défenses de Hochwald protègent une voie d’évasion vitale pour les forces terrestres allemandes qui cherchent à battre en retraite en traversant le fleuve. Tôt le matin du 1er mars 1945, soutenu par un tir d’artillerie et un escadron de chars du Sherbrooke Fusiliers Regiment, l'Essex Scottish Regiment attaque la partie nord de la forêt. Sur le flanc gauche de l’attaque, le Major Tilston fait franchir à la Compagnie (C) un terrain découvert de 500 mètres suivi de 3 mètres de fils barbelés pour se rendre à la première ligne de tranchées ennemies, à l’orée du bois. La progression se fait malgré un tir de mitrailleuse intense et sans l’appui des chars, en raison du terrain mou. Bien que blessé à la tête, le Major Tilston est le premier à pénétrer dans les tranchées allemandes, utilisant une grenade pour réduire au silence une mitrailleuse qui retarde la progression d’un de ses pelotons. Il continue avec sa compagnie à attaquer et à dégager la deuxième ligne des défenses ennemies et subit une deuxième blessure à la cuisse. Alors qu’ils s’emploient à occuper ce deuxième objectif, les hommes du Major Tilston renversent les positions de poste de commandement de deux compagnies de parachutistes allemands qui défendent la forêt. Cependant, avant que le reste de la Compagnie (C) ne puisse renforcer sa position, les Allemands contre-attaquent, abondamment soutenus par des tirs de mitrailleuses et de mortiers. Le Major Tilston se déplace calmement à découvert, d’un peloton à l’autre, au milieu d’un intense tir ennemi, et organise la défense. À six autres reprises, il brave le feu intense afin de transporter des munitions et des grenades qu’il obtient d’une compagnie de l’Essex à proximité et dont ses hommes ont grand besoin. Quand il est blessé plus gravement aux jambes, le Major Tilston refuse les soins médicaux jusqu’à ce qu’il ait transmis le plan de défense au seul officier qui reste et qu'il l'ait convaincu de la nécessité de tenir la position. Ce n’est qu’après s’être acquitté de ces tâches qu’il abandonne le commandement. La position est conservée. Pour le courage et le leadership exemplaires dont il a fait preuve à cette occasion, le Major Tilston mérite la Croix de Victoria.
Citation
La 2e Division canadienne s'est vu confier la tâche de défoncer la ligne de défense très fortifiée de la forêt de Hochwald. Cette ligne couvre Xanten, dernier bastion allemand situé à l'ouest du Rhin protégeant la voie d'évasion vitale du pont de Wesel.
L'Essex Scottish Regiment a reçu l'ordre de briser la ligne de défense située au nord-est d’Udem et de dégager la moitié nord de la forêt, où passera le reste de la brigade.
À 7 h 15, le 1er mars 1945, l'attaque est lancée, mais en raison du sol mou, on juge qu'il est impossible de la soutenir avec des chars comme prévu.
Franchissant quelque 500 verges de champ plat et exposé au tir intense de l'ennemi, le Major Tilston dirige personnellement sa compagnie au cours de l'attaque, restant dangereusement près de nos propres obus de manière à obtenir la protection maximale du barrage. Malgré une blessure à la tête, il continue à faire avancer ses hommes, à travers des barbelés de 10 pieds de profondeur jusque dans les tranchées ennemies en criant ses ordres et ses encouragements et en se servant très efficacement de son pistolet-mitrailleur Sten. Lorsque le peloton de gauche est assailli par un tir nourri de mitrailleuse ennemie, il se précipite lui-même pour la réduire au silence avec une grenade. Il est le premier à atteindre la position ennemie et il capture le premier prisonnier.
Résolu à maintenir l'élan de l'attaque, il ordonne au peloton de réserve d’éliminer ces positions et, avec un courage exceptionnel, il se rend avec sa force principale jusqu'à la deuxième ligne des défenses ennemies, situées à l'orée de la forêt.
En s'approchant de la forêt, il est blessé gravement à la hanche et tombe au sol en criant à ses hommes de poursuivre l'attaque sans lui et en leur ordonnant de pénétrer dans la forêt. Il réussit à se relever et à les rejoindre au moment où ils atteignent les tranchées de leur objectif. Là, un réseau complexe de tranchées et d'abris souterrains est infesté de soldats ennemis et un violent corps à corps s'ensuit. Malgré ses blessures, sa volonté inflexible de se battre contre l'ennemi est une source d'inspiration extraordinaire pour ses hommes puisqu'il les amène à vider systématiquement les tranchées des forces qui résistent férocement. Lors de ce combat, les postes de commandement de deux compagnies allemandes sont envahis et les défenseurs fanatiques subissent de nombreuses pertes de vie.
Le combat est si âpre et la résistance de l'ennemi si sauvage que la compagnie ne compte plus que 26 hommes, soit le quart de son effectif de départ. Avant que la consolidation soit terminée, l'ennemi contre-attaque à plusieurs reprises, soutenu par un tir nourri de mortiers et de mitrailleuses provenant du flanc ouvert. Le Major Tilston se déplace rapidement d'un peloton à l'autre pour organiser leur défense et diriger le tir contre l'ennemi qui s'avance. Les attaques ennemies se rapprochent tellement des positions que des grenades sont lancées dans les tranchées occupées par ses troupes. Cependant, la confiance indéfectible et l'enthousiasme intarissable du major inspirent tellement ses hommes qu'ils résistent fermement à l'assaut alors que tout les défavorise.
Lorsque les provisions de munitions viennent à manquer sérieusement, il traverse à plusieurs reprises le champ de bataille sous le feu des balles, jusqu'à la compagnie à sa droite, pour apporter des grenades, des fusils et des munitions Bren à ses hommes et remplacer un appareil radio sans fil endommagé afin de rétablir les communications avec le poste de commandement du bataillon. Il effectue au moins six fois ce dangereux trajet, traversant chaque fois une route criblée par un tir nourri provenant de nombreux postes de mitrailleuses bien situés.
Lors de son dernier voyage, il est blessé pour la troisième fois, à une jambe cette fois. Il est retrouvé dans un cratère d'obus en bordure de la route. Très gravement blessé et à peine conscient, il refuse tous les soins médicaux avant d'avoir donné toutes ses instructions relativement au plan de défense, souligné la nécessité absolue de tenir la position et ordonné à son dernier officier de prendre sa relève.
En raison de son courage exemplaire, de sa bravoure et du mépris total qu’il affiche pour sa propre sécurité, le Major Tilston commande ses hommes avec une volonté inflexible. Grâce à la grande détermination de ceux-ci, le régiment a pu accomplir sa mission consistant à fournir à la brigade une base solide pour l’aider à lancer d'autres attaques réussies en vue de dégager la forêt et d’ainsi permettre à la division d'accomplir sa mission.
Le caporal Frederick George Topham 1er bataillon canadien de parachutistes Bois de Diersfordt, Allemagne, le 24 mars 1945
Frederick George Topham naît à Toronto, en Ontario, le 10 août 1917. En mars 1945, le Caporal Topham sert en qualité de préposé aux soins dans le 1er Bataillon canadien de parachutistes. À cette époque, le Bataillon fait partie de la 3rd Parachute Brigade de la 6th Airborne Division de l’Armée britannique.
Le matin du 24 mars 1945, les troupes de parachutistes et de planeurs de la 6th Airborne Division atterrissent sur la rive orientale du Rhin, non loin de la ville de Wesel, en Allemagne. Ces atterrissages ont lieu à l'appui des opérations d'assaut commencées la nuit précédente par la 1re Armée canadienne et la 2nd British Army pour se rendre sur la rive orientale du fleuve. Après l’atterrissage du 1er Bataillon canadien de parachutistes, juste au nord du bois de Diersfordt, le Caporal Topham entend un appel à l’aide venant d’un blessé qui se trouve à découvert. Deux préposés aux soins qui tentent l’un après l’autre d’aller soigner le blessé sont tués. Immédiatement après, et de sa propre initiative, Topham avance au milieu d’un intense tir allemand afin de venir en aide au blessé. Alors qu’il le soigne, Topham est lui-même atteint au nez, mais continue à prodiguer les premiers soins malgré la douleur et le saignement de sa propre blessure. Il est alors en mesure de transporter le blessé à l’abri sous un feu continu. Le Caporal Topham refuse d’être soigné pour sa blessure et continue à aider le blessé pendant deux autres heures, jusqu’au moment où tous les combattants blessés ont été évacués en lieu sûr. Bien qu’il finisse par consentir à se faire panser le nez, il refuse d’être évacué avec les blessés. Plus tard, seul et de nouveau sous le feu ennemi, le Caporal Topham porte secours à trois soldats d’une automitrailleuse en feu qui menace d’exploser, les amène en lieu sûr et organise l’évacuation des deux survivants.
Pour son dévouement courageux et désintéressé envers ses camarades, le Caporal Topham se voit décerner la Croix de Victoria. Il s'éteint à Toronto le 3 mai 1974.
Citation
Le 24 mars 1945, le Caporal Topham, alors infirmier, est parachuté avec son bataillon dans une zone défendue avec acharnement, à l'est du Rhin. Vers 11 h, alors qu'il traite des camarades qui se sont blessés en sautant, il entend un appel à l'aide d'un blessé resté à découvert. Deux infirmiers venant d'une ambulance de campagne se rendent vers lui l'un après l'autre, mais sont tués tous les deux en s'agenouillant à ses côtés.
Sans hésitation et de son propre chef, le Caporal Topham s'avance sous un tir nourri pour aller remplacer les infirmiers qui viennent de se faire tuer sous ses yeux. Pendant qu'il prodigue des soins au blessé, il est lui-même touché. Malgré d'abondants saignements de nez et d'intenses souffrances, il poursuit sa tâche sans relâche. Après avoir prodigué les premiers soins au blessé, il le transporte graduellement et lentement à l'abri d'un bois, toujours sous les balles ennemies.
Au cours des heures qui suivent, le Caporal Topham refuse toutes les offres d'aide médicale qu'on lui propose pour sa propre blessure. Il travaille avec un dévouement extrême pendant toute cette période pour soigner les blessés au mépris total du tir nourri et précis de l'ennemi. C’est uniquement lorsque tous les blessés sont soignés qu'il consent à se faire traiter.
On ordonne son évacuation immédiate, mais il insiste avec une telle ardeur qu'il est autorisé peu après à reprendre ses fonctions.
En retournant à sa compagnie, il aperçoit un véhicule transporteur de troupes qui a reçu un coup direct. Des obus de mortiers ennemis tombent encore, le véhicule brûle intensément et ses propres munitions de mortier explosent. Un officier d'expérience qui se trouve sur place a prévenu tous les soldats de ne pas s'en approcher.
Cependant, le Caporal Topham sort seul en faisant fi des munitions qui explosent et du tir de l'ennemi et vient au secours des trois occupants. Il ramène ces hommes à découvert et, bien que l'un d'eux meure presque immédiatement par la suite, il prend les dispositions nécessaires pour faire évacuer les deux autres qui lui doivent sans aucun doute la vie.
Ce sous-officier a fait preuve d'un courage des plus remarquables. Pendant six heures d'intenses souffrances presque constantes, il a posé une série de gestes d'une bravoure exceptionnelle et son altruisme peu commun a inspiré tous ceux qui en ont été témoins.
Le lieutenant Robert Hampton Gray Réserve volontaire de la Marine royale du Canada Baie Onagawa, Honshu, Japon, le 9 août 1945
Robert Hampton Gray naît à Trail, en Colombie-Britannique, le 2 novembre 1917. S’étant enrôlé dans la Réserve des volontaires de la Marine royale canadienne en juillet 1940, il est affecté à l’aéronavale de la Royal Navy, où il reçoit une instruction de pilote de chasse et où il passe le reste de la Seconde Guerre mondiale. Le Lieutenant Gray sert en Grande-Bretagne, en Afrique orientale et, finalement, avec la flotte britannique du Pacifique. Au cours des dernières semaines de la guerre, il mène des opérations contre les îles du Japon avec la troisième flotte de la Marine américaine. Il reçoit la Croix du service distingué pour avoir coulé un destroyer japonais le 28 juillet 1945.
La Croix de Victoria a été décernée à titre posthume au Lieutenant Gray pour les exploits accomplis le 9 août 1945. Ce jour-là, il est à la tête de huit chasseurs Corsair du HMS Formidable en mission de bombardement d’un convoi ennemi à Onagawa Wan; chaque avion transporte deux bombes de 500 livres. Quand le Lieutenant Gray amorce son attaque, il fait face à un tir antiaérien nourri qui atteint son chasseur presque immédiatement. L'une des bombes est délogée, ce qui provoque un incendie. Malgré les dégâts, le Lieutenant Gray mène son attaque avec une grande détermination et atteint directement le navire d’escorte japonais Amakusa, qui coule. Au lieu d'effectuer des manœuvres d’évitement du feu ennemi, son appareil tourne alors lentement à droite, se retourne et plonge dans la baie, ce qui donne à penser que le Lieutenant Gray a peut-être été blessé durant sa ruée vers la cible. Il n’a pas survécu à la chute de son appareil.
Citation
Pour sa bravoure exceptionnelle alors qu'il dirige une attaque contre un destroyer japonais à Onagawa Wan, le 9 août 1945. En dépit du feu d'artillerie provenant des forces riveraines et d’une forte concentration de tirs provenant de quelque cinq navires de guerre, le Lieutenant Gray mène son attaque, volant à très basse altitude pour assurer le succès de sa mission, et bien qu’il soit atteint et que son avion soit en flammes, il touche sa cible au moins une fois et coule le destroyer. Le Lieutenant Gray a toujours fait preuve d’un esprit combatif et d’un leadership qui inspire.
contribution canadienne à la bataille d’Angleterre
Les aviateurs, que Churchill appelle le petit nombre, comprennent 2 353 pilotes et hommes d’équipage aérien de la Grande-Bretagne et 574 d’outre‑mer. Tous effectuent au moins une sortie opérationnelle autorisée avec une unité admissible de la Royal Air Force ou de l’aéronavale entre le 10 juillet et le 31 octobre. Ils reçoivent l’agrafe de la bataille d’Angleterre en plus de l’étoile 1939‑1945.
On retrouve des Polonais, des Néo‑Zélandais, des Canadiens, des Tchèques, des Australiens, des Belges, des Sud‑Africains, des Français, des Irlandais, des Américains ainsi qu’un Jamaïcain, un Rhodésien du Sud et un aviateur du protectorat palestinien.
Cinq cent quarante‑quatre d’entre eux perdent la vie.
Le Commandant d’aviation Ernest McNab, commandant du 1er Escadron (canadien) de l’ARC, devant un Hawker Hurricane I à Northolt (Angleterre), le 12 septembre 1940.
On estime que plus de 100 Canadiens participent à la bataille d’Angleterre, dont 23 meurent au combat. Un escadron de l’Aviation royale du Canada prend part à la Bataille : le 1er Escadron (canadien), composé de pilotes d’une unité de la Force régulière et d’une unité auxiliaire, qui est mis en service le 17 août 1940. On l’appelle canadien pour le distinguer du 1er Escadron de la RAF, mais en février 1941, il devient le 401e Escadron.
Trois membres du 1er Escadron (canadien) reçoivent la Croix du service distingué dans l’Aviation en reconnaissance de leurs efforts au cours de la bataille d’Angleterre : le Commandant d’aviation Ernie McNab, son commandant adjoint, le Capitaine d’aviation Gordon Roy McGregor, et le Lieutenant d’aviation Dal Russel.
Les aviateurs du pays combattent également au sein du 242e Escadron canadien de la RAF, qui est composé en grande partie, mais pas exclusivement, de Canadiens. Il est dirigé par le Commandant d’escadron de la RAF Douglas Bader durant la bataille d’Angleterre. (Le Cmdt avn Bader est passé à l’histoire de la Force aérienne, lui qui perd ses deux jambes lors d’un accident de vol en 1931; il réussit à se réenrôler dans la RAF au moment du déclenchement du conflit et il demeure en service jusqu’en 1946. Il est notamment abattu et fait prisonnier de guerre. Il réussit même à s’évader à une occasion.)
Le Lieutenant d’aviation Blair Dalzell Dal Russel. Le Lt avn Russel est membre du 1er Escadron (canadien). Il reçoit la Croix du service distingué dans l’Aviation, l’Ordre du service distingué et la Croix de guerre.
De nombreux autres Canadiens sont membres d’autres escadrons de la RAF – ainsi que du Bomber Command et du Coastal Command – et soutiennent les opérations visant à empêcher l’invasion allemande. Un nombre indéfini font partie du personnel de piste et permettent aux chasseurs de continuer de décoller.
Selon Halliday, le personnel de piste qui assure l’entretien des Hurricane du 1er Escadron (canadien) affronte parfois les feux de l’ennemi et travaille généralement sous pression. Il reçoit une reconnaissance tardive en juin 1942 lorsque le Sergent de section John R. Burdes reçoit la Médaille de l’Empire britannique et que le Sergent de section Cecil M. Gale est cité à l’ordre du jour.
Un aviateur non identifié fait le plein d’un Hawker Hurricane I du 1er Escadron (canadien) de l’ARC, le 6 octobre 1940 à Northolt (Angleterre).
Le texte de la citation de Gale mentionne notamment : Travaillant dans des conditions éprouvantes, il maintient l’escadron d’avions avec compétence. En raison de l’activité opérationnelle intensive à la fin d’août et en septembre, l’équipe de maintenance – Air doit travailler à plein régime. Souvent, le Sgt s Gale commence à s’acquitter de ses fonctions très tôt le matin et termine tard la nuit. Il fait en sorte qu’un nombre suffisant d’avions soient prêts à décoller en tout temps. Le remplacement des pilotes expérimentés constitue un défi de taille tout au long de la bataille, surtout au début. Plus tard, cela devient moins difficile, mais les pilotes s’épuisent et leurs remplaçants ont moins d’expérience.
Selon l’histoire officielle de l’ARC, au cours des 10 derniers jours d’août le Fighter Command perd 231 pilotes, c’est‑à‑dire près du quart de son effectif initial, et 60 % de ces pertes sont des aviateurs aguerris qui ne peuvent être remplacés que par des novices à peine sortis des unités d’entraînement opérationnel. Plus le temps passe, moins il y a de pilotes expérimentés qui s’envolent. Pendant que les pilotes prennent de l’expérience sur le terrain, ils ont des chances d’être tués, blessés, épuisés mentalement ou encore promus au sein d’un autre escadron.
La bataille d’Angleterre n’aurait pu être remportée sans la contribution d’un autre Canadien : Max Aitkin, Lord Beaverbrook.
Churchill nomme Lord Beaverbrook, un magnat de l’industrie de la presse, au poste de ministre de la Production d’aéronefs en mai 1940. Il se lance dans une série de changements et d’innovations qui irritent la haute direction du ministère de l’Air, mais qui augmentent considérablement la production de chasseurs pour l’effort de guerre. Il ne tient nullement compte des habitudes agréables de lenteur en temps de paix, affirme Stokesbury. Les gestionnaires d’usine et les officiers supérieurs de la Force aérienne en viennent à le détester, mais sans lui, ou quelqu’un de tout aussi acerbe, on peut difficilement voir comment les Britanniques auraient pu résister tout l’été. Il fournit un nombre sans cesse grandissant d’avions, de sorte que malgré les pertes qui dépassent largement 100 % des forces, la RAF est plus forte à la fin de la bataille qu’au début.
Au cours des mois précédant la nomination de Beaverbrook, 256 chasseurs sont produits. En septembre, mois crucial, à l’époque où les pertes de la RAF sont au zénith, le système de Beaverbrook permet de produire 465 chasseurs.
Maintenant, devant l’échec imminent du plan nazi d’invasion de l’Angleterre, une autre contribution canadienne essentielle à la guerre aérienne commencera à porter ses fruits.
À la fin de la bataille d’Angleterre, les premiers jeunes pilotes, observateurs et tireurs sortent des écoles du Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique au Canada, explique Leslie Roberts. Ils déferleront bientôt sur le champ de bataille.
Les Canadiens en service
Il est pour le moins difficile de déterminer avec exactitude combien de Canadiens participent à la bataille d’Angleterre. Selon les sources consultées, il y en aurait 88, 103 ou 112. Une partie du défi est dans le calcul du nombre de Canadiens, parce qu'il y a un problème de définition en ce qui concerne qui était un Canadien en 1940, explique le Dr Steve Harris, historien en chef de la Défense nationale.
Toutefois, les sources semblent convenir que 23 Canadiens meurent au cours de cette bataille.
Le tableau d’honneur de la Royal Air Force fait état des personnes qui perdent la vie durant la bataille, de même que celles qui sont tuées ou meurent plus tard pendant la guerre et celles qui survivent jusqu’à la fin du conflit – ainsi que les escadrons dont ces membres font partie. Il comprend 88 Canadiens.
Un des derniers anciens combattants canadiens de la bataille d’Angleterre toujours vivant, le Capitaine d’aviation Robert Alexander Butch Barton fait partie des 41e et 249e escadrons de la RAF pendant la bataille d’Angleterre. Il reçoit la Croix du service distingué dans l’Aviation (DFC) en reconnaissance de ses actions durant la bataille d’Angleterre ainsi qu’une barrette à la DFC l’année suivante. Il reçoit également l’Ordre de l’Empire britannique. En 1959, il prend sa retraite à titre de commandant d’escadre de la RAF et revient au Canada.
Le monument de Londres qui commémore la bataille d’Angleterre porte cependant les noms de 112 Canadiens. Pourtant, le tableau d’honneur de la RAF semble mentionner les noms de trois personnes qui ne figurent pas sur ce monument.
La liste ci‑dessous, qui n’est pas un répertoire définitif et exact des Canadiens qui ont pris part à la bataille d’Angleterre, comprend donc 115 noms. L’escadron et l’état des aviateurs sont indiqués si cette information se trouve.
Grade initiales nom Escadron état
Lt avn C.I.R. Arthur inconnu inconnu
Lt R.S. Baker-Falkner inconnu inconnu
Capt avn R.A. Barton inconnu inconnu
SWlt P.H. Beake 64e a survécu
Lt avn E.W. Beardmore 1er Cdn a survécu
Slt R.W.G. Beley 151e tué bataille Angleterre
Slt J. BENZIE 242e tué bataille Angleterre
Capt avn H. P. Blatchford 17e /157e tué bataille Angleterre
Slt C. R. BONSEIGNEUR 257e tué bataille Angleterre
Lt avn J. G. BOYLE 41e tué – bataille d’Angleterre
Lt avn E. C. BRIESE 1er Cdn a survécu (Son nom figure sur le
tableaud’honneur de la RAF, mais
pas sur le monument de la bataille
d’Angleterre)
Lt avn E.P. BROWN 1er Cdn a survécu
Capt avn M. H. BROWN 1er tué
Slt M. K. BROWN 242e tué
Slt J. BRYSON 92e tué – bataille d’Angleterre
Slt P. BYNG–HALL inconnu inconnu
Slt A. R. McL CAMPBELL 54e a survécu
Slt N. N. CAMPBELL 242e tué – bataille d’Angleterre
Slt (M) J. C. CARPENTER (aéronavale) tué – bataille d’Angleterre
Lt avn J. C. CARRIERE inconnu inconnu
Slt G. C. T. CARTHEW 253e / 145e a survécu
Lt avn E. F. J. CHARLES 54e a survécu
Slt J. A. J. CHEVRIER 1er a survécu
Lt avn G. P. CHRISTIE inconnu inconnu
Slt B. E. CHRISTMAS inconnu inconnu
Slt A. C. COCHRANE 257e tué
Slt W. C. CONNELL inconnu inconnu
Slt G. H. CORBETT 66e tué – bataille d’Angleterre
Capt avn V. B. CORBETT 1er Cdn a survécu
Slt M. C. CORNER inconnu inconnu
Lt avn L. E. CRYDERMAN 242e a survécu
Capt avn R. W. DENISON inconnu inconnu
Capt avn J.P. J. DESLOGES 1er Cdn a survécu
Slt R. H. DIBNAH inconnu inconnu
Lt avn N. D. EDMOND 615e tué – bataille d’Angleterre
Slt H. D. EDWARDS 92e tué – bataille d’Angleterre
Lt avn R. L. EDWARDS 1er Cdn tué – bataille d’Angleterre
Lt avn A. L. EDY inconnu inconnu
Slt F. R. C. Elger 248e a survécu
Slt G. J. ELLIOTT 607e a survécu
Cmdt A. W. FLETCHER inconnu inconnu
Slt E. G. FORD 232e / 3e tué Difficile de savoir s’il est citoyen
britannique ou canadien
Slt C. G. FRIZELL 257e a survécu
Slt R. C. FUMERTON 32e a survécu
Capt avn L. M. GAUNCE 615e tué
Cmdt avn J. A. G. GORDON 151e tué
Lt avn R. D. GRASSICK 242e a survécu
Capt avn H. R. HAMILTON 85e tué – bataille d’Angleterre
Lt avn B. A. HANBURY inconnu inconnu
Capt avn T. P. HARNETT 219e a survécu
Lt avn J. S. HART 602e / 54e a survécu
Slt N. HART 242e tué
Slt D. A. HEWITT 501e tué -bataille d'Angleterre
Lt avn F. W. HILLOCK inconnu tué – bataille d’Angleterre
Slt G. R. A. Howley 141e Son nom apparaît sur le tableau
d’honneurde la RAF, mais pas sur le
monument de la bataille d’Angleterre
Lt avn G. HYDE 1er Cdn a survécu
Slt J. T. JOHNSTON 151e tué – bataille d’Angleterre
Cmdt avn J. A. KENT 303e a survécu
Lt avn J. W. KERWIN 1er Cdn mort
Sgt J. R. KILNER inconnu inconnu
Slt J. E. P. LARICHELIERE 213e tué – bataille d’Angleterre
Slt J. B. LATTA 242e tué
Lt avn R. G. LEWIS 1er Cdn tué
Lt avn T. B. LITTLE 1er Cdn tué
Lt avn P. W. LOCHNAN 1er Cdn tué
Sgt R. H. LONSDALE inconnu inconnu
Cmdt avn J. R. MacLACHLAN inconnu inconnu
Slt J. B. McCOLL inconnu inconnu
Capt avn G. R. McGREGOR 1er Cdn a survécu
Slt W. L. McKNIGHT 242e tué
Capt avn E. A. McNAB 1er Cdn / 111e a survécu
Lt avn W. B. MacD. MILLAR inconnu inconnu
Slt J. A. MILNE inconnu inconnu
Slt H. T. MITCHELL inconnu inconnu
Lt avn H. de M. MOLSON 1er Cdn a survécu
Lt avn W. H. NELSON 74e a survécu
Lt avn A. D. NESBITT 1er Cdn a survécu
Slt H. G. NIVEN inconnu inconnu
Lt avn R. W. G. NORRIS 1er Cdn a survécu
Capt avn P. G. St.G. O’BRIAN 247e / 152e a survécu
Slt A. K. OGILVIE 609e a survécu
Lt avn J. D. PATTISON 1er Cdn a survécu
Slt O. J. PETERSON 1er Cdn tué – bataille d’Angleterre
Lt avn P. B. PITCHER 1er Cdn a survécu
Sgt O. W. PORTER inconnu inconnu
Slt G. R. PUSHMAN 23e a survécu
Slt H. W. REILLEY 64e / 66e tué – bataille d’Angleterre
Capt avn E. M. REYNO 1er Cdn a survécu
Sgt L. V. P. J. RICKS 235e a survécu
Lt avn B. D. RUSSEL 1er Cdn a survécu
Slt K. M. SCLANDERS 242e tué – bataille d’Angleterre
Lt avn A. W. SMITH inconnu inconnu
Capt avn F. M. SMITH inconnu inconnu
Lt avn J. D. SMITH 73e tué
Lt avn R. R. SMITH 229e a survécu
Lt avn R. SMITHER 1er Cdn tué – bataille d’Angleterre
(On a écrit (Smithers) sur le tableau
d’honneur de la RAF)
Slt H. A. SPRAGUE 3e a survécu
Lt avn W. P. SPRENGER 1er Cdn (401) a survécu
Slt N. K. STANSFELD inconnu inconnu
Capt avn H. N. TAMBLYN 242e / 141e tué
Lt avn C. W. TREVENA 1er Cdn (401) a survécu
Slt A. A. G. TRUEMAN 253e tué – bataille d’Angleterre
(Ses initiales sont (R.S.) sur le tableau
d’honneur de la RAF)
Capt avn P. S. TURNER 242e a survécu (Citoyen britannique. a immigré
au Canada après la guerre.)
Slt H. C. UPTON 43 a survécu
Slt J. R. URWIN–MANN inconnu inconnu
Lt avn J. A. WALKER 111e a survécu
Lt avn J. R. WALKER 611e / 41e tué
Slt C. A. B. WALLACE 3e tué
Slt J. J. WALSH 615e mort
Slt F. S. WATSON 3e tué
Slt R. R. WILSON 111e tué – bataille d’Angleterre
Capt avn J. S. YOUNG inconnu inconnu
Lt avn A. McL YUILE 1er Cdn (401) a survécu
Slt A. R. ZATONSKI 79e tué Classé comme un Canadien
sur le monument de la bataille
d'Angleterre, mais il était un
Américain.
LES FEMMES DURANT LE CONFLIT
Même si elles ne sont pas autorisées à servir en situation de combat durant la Seconde Guerre mondiale, les femmes canadiennes participent grandement à l'effort de guerre.
Infirmières militaires au cours de la Seconde Guerre mondiale Durant la Seconde Guerre mondiale, un total de 4 480 infirmières militaires travaillent en service. 1941 - 1942: Création d'une division féminine Les trois secteurs de nos forces militaires sont transformés à jamais avec la création des divisions féminines. Pour la première fois, des femmes peuvent servir en uniforme. Pas moins de 50 000 femmes servent au sein des Forces armées canadiennes : Le 2 juillet 1941, l'Armée canadienne crée le Service féminin de l'Armée canadienne et quelque 21 000 femmes y font leur service; Le 13 août 1941, la force aérienne établit une division féminine au sein de laquelle 17 000 femmes servent;
Des femmes s'engagent volontairement au sein de ces divisions féminines pour faire leur service militaire à temps plein notamment à titre de commis, de mécaniciennes, d'arrimeuses de parachutes, de radiotélégraphistes et de photographes.
D'autres comme Molly Lamb Bobak, Paraskeva Clark et Pegi Nicol Macleod travaillent comme artistes de guerre en illustrant la vie quotidienne des soldates canadiennes.
Femmes restées au pays au cours de la Seconde Guerre mondiale
La guerre change la vie des femmes demeurées au Canada: Les exigences d'une économie de guerre et la pénurie de main-d'oeuvre résultant de la participation des hommes à l'effort de guerre font en sorte que les femmes sont encouragées à faire leur part et à intégrer la population active. Des centaines de milliers de femmes travaillent ainsi au sein de l'industrie en temps de guerre dans des emplois traditionnellement occupés par des hommes :
Travailleuses en construction navale
Travailleuses d'usines de munitions.
La Seconde Guerre mondiale entraîne une mobilisation sans précédent des femmes dans le secteur bénévole. Il n'est pas rare que des femmes se rassemblent pour mettre à contribution leurs compétences domestiques afin d'appuyer l'effort de guerre, notamment en tricotant des chaussettes et des gants pour les Canadiens combattant outre mer.
Groupe de femmes réparant des uniformes
À la maison, les femmes et les mères s'emploient à garder les familles unies et à protéger leur mode de vie.
Au Canada, on demande également aux femmes de réduire leur consommation de biens en situation de pénurie, et de faire du recyclage afin d'appuyer les hommes et les femmes servant outre mer. Des objectifs sont établis afin de recueillir des tonnes de produits usagés en caoutchouc qui peuvent être recyclés pour fabriquer des pneus et d'autres produits dont on a grand besoin dans le cadre de l'effort de guerre. L'essence est également rationnée : des limites strictes sont fixées quant à la quantité pouvant être utilisée pour différents besoins, comme l'usage personnel ou les exigences de l'agriculture. Des carnets de rationnement sont distribués pour que les gens puissent suivre de près les quantités qui sont allouées.
1940, On célèbre le premier mariage de la Seconde Guerre mondiale entre un militaire canadien et une Britannique à l'église Farnborough d'Aldershot en Angleterre. Ce mariage et les milliers qui le suivent donnent naissance à l'expression épouses de guerre.
Peggy Lee devient membre de la brigade de l'Ambulance Saint-Jean à Vancouver qui était formée de 20 filles d'origine chinoise - le seul peloton chinois en Amérique du Nord durant la guerre.
Le 11 juin 1940, un escadron naval néerlandais arrive au Canada avec à son bord la princesse Juliana (fille de la reine Wilhelmina, régente des Pays-Bas) et ses deux jeunes enfants. La famille royale néerlandaise doit fuir les Pays Bas pour éviter d'être capturée par les Allemands et choisit de séjourner à Ottawa (Ontario).
1942, Mary Greyeyes est la première femme autochtone à s'enrôler dans l'Armée canadienne.
Elsie MacGill est la première conceptrice d'aéronef au monde. En 1942, elle accepte l'importante tâche de superviser la production canadienne des avions de combat Hawker Hurricane, ce qui lui a valu le surnom de Reine des Hurricane.
Agnes W. Wilkie est la première infirmière militaire de la Seconde Guerre mondiale à mourir à la suite d'une action ennemie. Elle fait partie des 137 passagers et membres d'équipage du Caribou, un traversier de Terre-Neuve, qui est torpillé et coulé dans le détroit de Cabot.
1943, Jean Flatt Davey devient la première femme médecin du Canada à s'enrôler dans les Forces armées. De 1941 à 1945, elle sert au sein des Forces aériennes à titre de commandant d'aviation et crée une unité qui offre des soins médicaux. En 1943, le taux de rémunération initial des militaires féminines est fixé à 2/3 de celui des hommes, mais est haussé à 80 % dès juillet 1943.
Le 19 janvier 1943, la princesse Juliana des Pays-Bas donne naissance à une fille. Avant la naissance de l'enfant, le gouvernement canadien prépare un document déclarant extraterritorial, le lieu de l'accouchement à l'hôpital Civic d'Ottawa de telle sorte que l'on considère que l'enfant est né à l'extérieur du territoire canadien à titre de citoyenne néerlandaise.
1944, Elizabeth Smellie est la première femme à devenir colonel au sein de l'Armée canadienne.
En juillet 1944, le Bureau des épouses canadiennes est mis sur pied par le ministère de la Défense nationale afin de préparer les épouses de guerre à leur voyage vers le Canada.
1946, Les divisions féminines des trois secteurs des forces armées sont démantelées, et les femmes doivent renoncer à leurs rôles au bénéfice des hommes qui reviennent de guerre.
En février 1946, l'Opération papa s'amorce avec la traversée du Mauritania de Liverpool jusqu'à Halifax avec à son bord 943 épouses de guerre et enfants de militaires canadiens. Il s'agissait du premier transport officiel de ce genre à destination du Canada.
Infirmières militaires du Canada
Membres du premier contingent de personnel du Service féminin de l'Armée canadienne à arriver en Allemagne, le 12 juin 1945
Après l’invasion de la Pologne en septembre 1939, le Canada s’est retrouvé encore une fois dans un conflit mondial et encore une fois les infirmières militaires ont répondu à l’appel du devoir. Cependant, cette fois-ci le service des infirmières s’élargit aux trois armées : l’armée de terre, la marine et l’aviation. Dans chaque secteur, elles étaient vêtues d’une tenue de travail et d’un uniforme distinctifs et elles portaient toutes le voile blanc des infirmières militaires. On les appelait respectueusement ma soeur ouMadame car elles avaient le rang d’officier. Âgées en moyenne de 25 ans, 4 480 infirmières militaires s’enrôlèrent, dont 3 656 avec le Corps de santé royal de l’Armée canadienne, 481 avec la Branche médicale de l’Aviation royale du Canada et 343 avec les Services de santé de la Marine royale du Canada.
Les infirmières militaires, après leur formation au Canada, ont été les premières à se rendre outre-mer où elles rejoignaient les unités qui les avaient précédées au Royaume-Uni. Comme tous ceux et celles qui se rendaient outre-mer, les infirmières faisaient partie de grands convois défiant la flotte de sous-marins allemands qui sillonnaient l’Atlantique Nord. Lorsqu’elles sont arrivées en Angleterre, elles ont travaillé dans les hôpitaux du Corps de santé royal canadien à Taplow, Bramshott et Basingstoke. À titre d’exemple de leur charge de travail, après le raid sur Dieppe, l’hôpital de Basingstoke a reçu plus de 600 blessés dans une période de 19 heures 30 minutes et 98 opérations ont été effectuées. Le personnel de chirurgie ne pouvait se reposer que quelques minutes entre les opérations.
Après trois années en Angleterre, les infirmières militaires ont été envoyées en mission sur le continent. Vêtues de tenue de combat et portant des casques protecteurs et des sacs à dos, les infirmières de l’hôpital général canadien nº 1 sont arrivées en Sicile et elles ont été les premières femmes à se rendre dans le secteur de la Huitième armée. Au début, presque toutes les unités hospitalières déployées sur le continent fonctionnaient sous des tentes. Plus tard, elles ont pu emménager dans des immeubles abandonnés ou bombardés. Comme lors de la Première Guerre mondiale, les infirmières militaires ont dû braver de nombreux dangers et résoudre bien des problèmes pour pouvoir fournir des soins médicaux sur le champ de bataille. Le 2 septembre 1943, au cours d’un raid aérien mené à Catania en Sicile, un obus antiaérien s’effondra sur l’hôpital général canadien nº 5, blessant 12 infirmières militaires.
Des patients et des infirmières militaires dans une salle à bord du navire hospitalier général nº 2 Letitia Liverpool, Angleterre, 24 novembre 1944.
Ensuite une unité a été déployée à El Arrouch (Algérie). Peu après, deux autres unités ont été envoyées en Italie. En cours de route, le S.S. Santa Elena, qui transportait l’hôpital général canadien no 14, a été attaqué par un avion bombardier en piqué ce qui a forcé tout le monde à embarquer dans des canots de sauvetage. Heureusement, il n’y a pas eu de perte de vie.
Lorsque les unités médicales suivaient le front en Italie en direction nord, elles essuyaient fréquemment des tirs d’artillerie et étaient à la portée des tirs ennemis. Les infirmières militaires furent extrêmement occupées par les attaques ennemies. Par exemple, dans le saillant d’Ortona, au cours du mois de décembre 1943, le poste d’évacuation sanitaire no 4 comptait plus de 2 000 patients, dont 760 étaient des cas de chirurgie. Après la chute de Rome, il y a eu une période d’accalmie relative et les infirmières ont pu s’installer dans une vie hospitalière normale. En plus de soigner les patients canadiens, elles soignaient les prisonniers allemands. Comme la campagne d’Italie tirait à sa fin pour les Canadiens, trois unités médicales se sont rendues en France; les autres ont été démantelées et les infirmières, affectées à d’autres unités.
Des infirmières militaires de l’hôpital général canadien no 10 du Corps de santé royal canadien arrivent à Arromanches, France, le 23 juillet 1944.
Treize jours après le jour J, les deux premières infirmières militaires canadiennes, accompagnant l’hôpital mobile d’intervention du Corps d’aviation royal canadien nº 2, sont arrivées en Normandie, à Bernières-sur-Mer. Elles ont été suivies des postes d’évacuation sanitaire 2, 3 et 6. Les postes se sont installés dans le secteur de Caen. Vers le 15 juillet, les hôpitaux généraux canadiens 7, 8 et 10 se sont établis à l’ouest de Bayeux.
Le 24 août 1926, à Ottawa, un groupe d’infirmières militaires assiste au dévoilement d’un monument commémoratif dédié aux infirmières canadiennes qui donnèrent leur vie au cours de la Première Guerre mondiale. Sur la photo, on peut voir Dame Maud McCarthy, G.B.E., R.R.C., infirmière en chef du Service infirmier de l’Armée territoriale, Grande-Bretagne, et à sa gauche, Margaret C. MacDonald, infirmière en chef, C.S.A.C., N.-É.
À mesure que le front progressait dans le nord de la France et en Belgique à la poursuite des armées allemandes en déroute, les unités les accompagnaient. Anvers, qui avait été capturée, était la cible des fusées V-2 et avec la bataille de l’Escaut et la libération des ports de la Manche, les unités sont passées à Nimègue. Les pertes étaient lourdes : 3 934 en quatre semaines. La guerre tirait à sa fin. L’offensive du printemps a rejeté l’armée allemande de l’autre côté du Rhin.
Avec la fin de la guerre en Europe, les unités médicales se sont dissoutes graduellement. Quelques infirmières militaires et d’autres membres du personnel sont restés avec l’armée d’occupation pour prendre soin non seulement des militaires, mais aussi des prisonniers de guerre civils libérés des horreurs des camps.
Le personnel du poste d’évacuation sanitaire no 6 quitte la Hollande le jour de Noël 1945. Des amitiés à vie furent entretenues par l’entremise de l’Association des infirmières militaires.
Deux infirmières militaires canadiennes, Kathleen G. Christie et Anna May Waters, ont accompagné l’armée envoyée à Hong Kong. Plus tard, lorsque la garnison est tombée, elles ont été faites prisonnières par les Japonais. Les braves femmes sont restées avec les Canadiens blessés, travaillant dans des conditions atroces, jusqu’à ce qu’elles soient amenées de force dans un camp de prisonnier civil, d’où elles ont été rapatriées au Canada après deux ans de captivité.
Durant la bataille de l’Atlantique, qui a duré pendant toute la guerre, la marine canadienne comptait deux navires-hôpitaux, le Letitia et le Lady Nelson, avec à leur bord des infirmières militaires.
Les infirmières de la marine ont servi dans des bases navales des deux côtes du Canada, à Terre-Neuve et au NCSM Niobe, en Écosse. La seule infirmière canadienne à mourir aux mains de l’ennemi au cours de la Seconde Guerre mondiale a été une infirmière de la marine, la sous-lieutenant Agnes Wilkie. Malgré les efforts héroïques de sa compagne, la sous-lieutenant (diététiste) Margaret Brooke, Agnes Wilkie a péri après plus de deux heures dans un canot de sauvetage lors du naufrage du SS Caribou, le 13 octobre 1942, dans le détroit de Cabot. Margaret Brooke a été nommée membre de l’Ordre de l’Empire britannique, la seule infirmière militaire à recevoir un tel honneur. Le service infirmier du Corps de santé royal canadien a reçu son autorisation en novembre 1940.
Infirmière militaire canadienne portant son uniforme d’hiver - joyeux et aux couleurs vives - quelque part en France, décembre 1917.
Plus de 100 postes hospitaliers ont été construits et les infirmières militaires devenaient de plus en plus en demande. Certaines ont été formées pour l’évacuation aérienne, douze servaient à Terre-Neuve pour participer à des missions de sauvetage air-mer et 66 ont servi outre-mer. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, 3 649 infirmières militaires avaient servi dans l’armée, 481 dans la force aérienne et 343 dans la marine.
Aucun récit du service militaire au cours de la Seconde Guerre mondiale ne serait complet sans mentionner la contribution des quatre secteurs spéciaux du service infirmier : les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les diététistes et les infirmières visiteuses. Des infirmières ont également servi dans les trains hospitaliers pour retourner les blessés à leurs destinations dans tout le Canada.
La fin de la guerre a marqué la fermeture des hôpitaux militaires et des postes hospitaliers de l’ensemble du Canada. Un total de 80 infirmières, trente infirmières du Corps de santé royal canadien, trente du Corps d’aviations royales canadiennes et vingt de la MRC se sont jointes à l’armée permanente et ont servi dans des établissements militaires aux quatre coins du pays. De nombreuses autres ont été affectées aux hôpitaux du ministère des Anciens Combattants pour s’occuper des centaines d’anciens combattants de retour au pays.
Infirmières militaires qui ont donné leur vie au cours de la Seconde Guerre mondiales
1940
Lt. (Im) BELL, Marion Elizabeth, CSRC décédé(e) 1940
1941
Lieutenant d'aviation(Im) MACLEOD, Jessie Margaret, CARC décédé(e) le 29 avril 1941
Lt. (Im) SPAFFORD, Frances Winnifred, CSRC décédé(e) le 8 mars 1941
1942
Lt. (Im) WILKIE, Agnes Wightman, MRC décédé(e) le 11 octobre 1942
1943
Lt. (Im) ASHLEY, Ruth Louise, CSRC décédé(e) le 6 juin 1943 Lt. (Im) POLGREEN, Francis Eunice, CSRC décédé(e) le 11 mai 1943 Lieutenant d'aviation (Im) WESTGATE, Marion Mercedes, CARC décédé(e) le 27 octobre 1943
1944
Lt. (Im) (thérapeute occupationnel) MCLAREN, Mary Susannah, CSRC décédé(e) le 28 août 1944 Lt. (Im) PARKINSON (nee Stirling), Margaret McCullough, Infirmières militaires d'Afrique du Sud décédé(e) le 29 novembre 1944 Pretoria, Afrique du Sud Lt. (Im) PETERS, Nora Hendry, CSRC décédé(e) le 12 août 1944
1945
Lt. (Im) BRIGGS, Margaret Agnes, CSRC décédé(e) le 22 février 1945 Lt. (Im) COOPER, Frances Ellen, CSRC décédé(e) le 26 octobre 1945 Lt. (Im) FITZGERALD, Gladys Helen, CSRC décédé(e) le 30 décembre 1945 Lt. (Im) MACDONALD, Vera Catherine, CSRC décédé(e) le 22 juin 1945
1946
Lt. (Im) DUSSIO, Marie Cecile, CSRC décédé(e) le 2 août 1946
Lt. (Im) DUSSIO, Marie Cecile, CSRC décédé(e) le 2 août 1946 Lt. (Im) GANNON, Frances Eileen, CSRC décédé(e) le 15 mars 1946 Col. Belcher Hospital Calgary, Alberta, Canada
1947
Première infirmière ENRIGHT, Nellie Josephine, CARC décédé(e) le 23 avril 1947
EXPLOIS D’OFFICIERS CANADIENS
Le maréchal de l'Air L.S. Breadner en mars 1945.
Lloyd Samuel Breadner, né à Carleton Place (Ontario) le 14 juillet 1894, décédé à Boston (Massachusetts) le 14 mars 1952. Officier de l'Aviation royale du Canada (ARC). En 1915, le jeune Breadner quitte le commerce familial à Ottawa pour entrer au Royal Naval Air Service. Il passe une grande partie de la Première Guerre mondiale comme pilote de chasse en France. À la fin des hostilités, ses compétences de pilote lui valent d'être engagé comme examinateur de brevets et certificats au Conseil de l'Aéronautique canadien. En 1924, au moment de la fondation officielle de l'ARC, il commande le centre d'entraînement de Camp Borden. Considéré comme un homme d'action doté d'un solide sens pratique, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire. Son tempérament jovial doublé d'un grand sens de l'humour contribue d'ailleurs à son avancement. Il est directeur de l'ARC, sous les ordres de Lindsay Gordon, de 1928 à 1932. En 1936, Breadner suit la formation de l'Imperial Defence College.
En 1940, le charme de Breadner ne manque pas de plaire au nouveau ministre de la Défense pour l'Air, C.G. Chubby Power, lui-même un bon vivant. Épaulé par le ministre, Breadner succède à G.M. Croil au poste de chef de l'état-major de l'Air le 29 mai 1940. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Breadner fera de l'ARC l'une des plus puissantes forces aériennes au monde. Le 1er janvier 1944, il est affecté à Londres où il devient commandant supérieur en chef de l'ARC outre-mer. Quand il prend sa retraite en 1945, Lloyd Breadner est promu Maréchal en chef de l'Air. Il est le seul Canadien à accéder à ce grade.
Le lieutenant-général E.L.M. Burns au quartier général du 1er Corps canadien à Larino (Italie), le 18 mars 1944.
Eedson Louis Millard (Tommy) Burns, né à Westmount (Québec) le 17 juin 1897, décédé à Manotick (Ontario) le 13 septembre 1985. Officier de l'Armée canadienne et diplomate. Quand la Première Guerre mondiale commence, Tommy Burns est âgé de dix-sept ans et fait son entrée au Royal Military College de Kingston, en Ontario. Il n'y reste que peu de temps : muni d'un certificat de guerre spécial, il quitte le collège en juin 1915, dès qu'il atteint ses dix-huit ans, pour s'enrôler dans le Corps royal du Génie. Il s'embarque pour l'Angleterre l'année suivante comme signaleur et il est envoyé au front en août 1916. Au cours des années qui suivent, Burns est blessé à deux reprises et il reçoit la Military Cross pour avoir tendu et réparé des câbles de signalisation en dépit du feu ennemi. À la fin des hostilités, il est capitaine d'état-major rattaché à la 12e Brigade d'infanterie.
Burns poursuit sa carrière militaire dans le Corps royal de génie de la Force permanente. Il gravit les échelons de la hiérarchie militaire et, du grade de capitaine, il est promu major en 1927, reçoit un brevet de lieutenant-colonel en 1935 et nommé lieutenant-colonel en 1939. Il complète sa formation en suivant les cours de la School of Military Engineering à Chatham (Angleterre) en 1920-1921, du British Army Staff College à Quetta (Inde) en 1928-1929 et de l'Imperial Defence College de 1939 jusqu'à la proclamation de l'état de guerre.
Pendant cette période de l'entre-deux-guerres, Burns écrit de nombreux articles publiés dans le Canadian Defence Quarterly ou, sous le pseudonyme d'Arlington B. Conway, dans l'American Mercury. Il y traite de sujets comme l'entraînement des soldats, la mobilité, la nécessité de développer un véhicule automobile rapide pour remplacer le cheval, l'impossibilité de détruire de grandes cités par les seuls bombardements aériens, l'organization de l'infanterie et des blindés. Quand les hostilités commencent officiellement, en septembre 1939, Burns est perçu par ses supérieurs comme un officier brillant, destiné à un poste de haut commandement.
Dans les premiers mois de la guerre, Tommy Burns remplit les fonctions d'officier d'état-major général au Quartier général de l'Armée canadienne outre-mer. Il est promu colonel en mai 1940 et appelé à Ottawa pour occuper le poste d'assistant au chef adjoint de l'état-major général. Il retourne en Angleterre en mai 1941 à titre de brigadier d'état-major général du 1er Corps canadien, un poste qu'il n'occupera que quelques mois.
D'août 1941 à février 1942, Burns est attaché au Corps blindé canadien comme officier d'administration. On lui confie ensuite le commandement de la 4e Division blindée canadienne, qu'il avait lui-même contribué à créer. Le 1er mai 1943, Burns est promu major-général et nommé commandant de la 2e Division d'infanterie canadienne. Quelques mois plus tard, le 30 janvier 1944, il reçoit le commandement de la 5e Division blindée canadienne.
La 5e Division blindée se trouve alors engagée dans la campagne d'Italie depuis près de dix semaines : ce sera pour Burns sa première expérience de commandement en situation de combat. Une expérience qui s'avère positive puisqu'il est nommé commandant du 1er Corps canadien dès le 20 mars 1944. Burns dirige avec succès la percée des lignes allemandes dans la vallée de la Liri, en mai 1944, quoique ses troupes subissent des pertes élevées. Quelques mois plus tard, en septembre 1944, le 1er Corps canadien enfonce la Ligne gothique à Rimini, un succès qui ouvre aux Alliés les plaines du nord de l'Italie. Malgré cela, Burns se voit critiqué pour son caractère difficile et manque de leadership. Le commandement du 1er Corps canadien lui est enlevé le 5 novembre 1944. Il est alors transféré aux troupes de l'arrière, comme officier général commandant de la section canadienne du Grand quartier général, 1er échelon, 21e Groupe d'armées.
Après la guerre, Burns est affecté au ministère des Anciens combattants, où il sera sous-ministre de 1950 à 1954. Puis, en 1954, on lui offre le commandement de l'Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), une unité de maintien de la paix en poste sur la frontière israélo-arabe. Quand le conflit israélo-arabe éclate en 1956, Burns prend le commandement de la Force d'urgence des Nations Unies (FUNU), une responsabilité qu'il assumera jusqu'en 1959. L'année suivante, Burns est nommé conseiller en désarmement auprès du gouvernement canadien et élevé au rang d'ambassadeur.
Tommy Burns était un homme brillant, l'un des officiers canadiens les plus intelligents de sa génération. Il est l'un des rares généraux canadiens à avoir sérieusement réfléchi à la nature de sa profession et à avoir abondamment publié sur des sujets de stratégies et de tactiques. C'était aussi un homme introverti, austère et sans sourire, qui n'inspirait guère ses hommes à le suivre au combat.
Depuis 1945, plusieurs généraux à la retraite sont convaincus que la civilisation occidentale pourrait être presque totalement anéantie dans l'éventualité d'une nouvelle grande guerre. Si la guerre s'avère dépassée pour le règlement des disputes internationales, ne devrions nous pas respecter l'ordonnance de Michée : une nation ne lèvera pas l'épée contre une autre nation, et on n'apprendra plus la guerre.Si c'était le cas, personne ne devrait enseigner la guerre, ni contribuer à l'enseigner.
Né à Hamilton (Ontario) le 28 avril 1888, décédé à Ottawa le 1er avril 1965. Officier de l'Armée canadienne et diplomate. Harry Crerar étudie au Royal Military College de Kingston, en Ontario, de 1906 à 1909 et sert dans la Milice pendant les dernières années de paix. Pendant la Première Guerre mondiale, il se distingue comme officier de l'Artillerie de campagne canadienne sur les champs de bataille de la France et de la Flandre et il est décoré de l'Ordre du service distingué. À fin des hostilités, Crerar est lieutenant-colonel au quartier général du Corps canadien.
De retour au Canada, Crerar choisit la carrière militaire et se joint à la Force permanente. Il remplit les fonctions d'officier d'état-major de l'Artillerie, à Ottawa. En 1923, il s'inscrit au Staff College de Camberley (Angleterre) mais il ne revient pas immédiatement au Canada après avoir complété le programme de cours. Il accepte plutôt un poste d'officier d'état-major général, classe 2 au War Office, à Londres. En 1929, Crerar est nommé officier d'état-major général, classe 1 au Quartier général de la Défense nationale à Ottawa. Il planifie alors une importante réorganization de la Milice.
En 1934, Crerar suit les cours de l'Imperial Defence College de Londres et, à son retour au Quartier général de la Défense nationale, il est muté au poste de directeur des renseignements et des opérations militaires. Il a alors la réputation d'être un homme particulièrement intelligent et on voit en lui le meilleur officier d'état-major de l'Armée canadienne. En mars 1939, après quelques mois comme commandant du Royal Military College, Crerar est rappelé à Ottawa pour dresser les plans de mobilisation en vue de la reprise probable des hostilités.
Au début la de guerre, Crerar est envoyé en poste à Londres comme brigadier d'état-major général au Quartier général de l'Armée canadienne. Il doit veiller à ce que l'équipement, les quartiers et les programmes d'entraînement soient mis en place pour l'arrivée des troupes canadiennes. En juillet 1940, il est rappelé à Ottawa pour prendre les responsabilités de chef adjoint de l'état-major général mais, quelques jours après son entrée en poste, le ministre de la défense, J.L. Ralston, le nomme chef d'état-major. Il prend immédiatement des mesures pour augmenter l'efficacité du Quartier général de la Défense nationale et il organise de toute urgence la réception et l'entraînement des recrues pour la défense territoriale, car ceux-ci affluent après l'adoption, le 21 juin 1940, de la Loi sur la mobilisation des ressources nationales. Enfin, il met en place un plan d'entraînement dans le but d'assurer l'entraînement des officiers et des soldats qui doivent se joindre aux rangs de l'armée outre-mer.
Crerar retourne en Angleterre pour prendre, le 23 décembre 1941, le poste opérationnel d'officier général commandant du 1er Corps canadien. Il se trouve donc plongé dans la crise qui suit le raid de Dieppe, puisque les troupes canadiennes qui ont participé à l'opération du 19 août 1942 relevaient du 1er Corps canadien. Comme aucun officier canadien n'a participé à la planification du raid, Crerar ne peut que rationaliser les pertes canadiennes en démontrant l'importance des leçons apprises au cours de l'opération.
Crerar manque d'expérience du champ de bataille et il espère en acquérir quand le 1er Corps canadien rejoint la 1re Division canadienne d'infanterie en Italie, en octobre 1943. Cet espoir ne se matérialise guère puisque dès le mois mars 1944, il est rappelé en Angleterre pour prendre le commandement de la 1re Armée canadienne, en remplacement du général McNaughton.
La 1re Armée canadienne est réunie en Normandie le 23 juillet 1944. Sous les ordres de Crerar, elle joue un rôle important lorsque les armées alliées enserrent les Allemands dans la poche de Falaise, en août 1944. Malade, Crerar devra céder temporairement son commandement au major-général Guy Simonds lors de la bataille de l'Escaut (octobre-novembre 1944). En février 1945, la 1re Armée canadienne retourne, sous les ordres de Crerar, vers les lignes avancées. Pendant la campagne de Rhénanie, le général Crerar commande une imposante armée de 450,000 hommes. Si l'on inclut les unités alliées placées sous le commandement de la 1re Armée canadienne.
Crerar se retire de la vie militaire en octobre 1946. Il assume ensuite diverses fonctions diplomatiques en Tchécoslovaquie, aux Pays-Bas et au Japon.
Harry Crerar s'est avéré un officier d'état-major remarquable. Il a imprimé sa marque sur la plus grande armée que le Canada ait jamais levée en donnant au quartier général de l'Armée canadienne sa structure organizationnelle, en organisant l'entraînement des troupes qui devaient augmenter ses rangs et en commandant la 1re Armée pendant les dernières grandes campagnes. À la fin des hostilités, c'est encore lui qui a défini les règles à suivre pour la démobilisation.
George Mitchell Croil
Né à Milwaukee (Wisconsin) le 5 juin 1893, décédé à Vancouver (Colombie-Britannique) le 8 avril 1959. Officier de l'Aviation royale du Canada (ARC). G. M. Croil porte l'insigne de pilote du Royal Flying Corps pendant la Première Guerre mondiale. Il entraîne de nouveaux pilotes à Salonique et au Moyen-Orient et, pendant quelque temps, il sert lui-même de pilote à T.E. Lawrence (Lawrence d'Arabie) lors de missions dans le désert.
Nommé au Conseil de l'Aéronautique canadien en 1919, Croil contribue au maintien d'une force aérienne canadienne pendant la période de paix. Il participe notamment à l'établissement de bases aériennes à Morley et à High River, en Alberta. Croil fait partie des premiers officiers de l'ARC, fondée en 1924 sous l'autorité de l'Armée canadienne. En 1925, il est envoyé en Angleterre pour servir d'officier de liaison avec la Royal Air Force (RAF); il suit aussi la formation du RAF Staff College. De retour au Canada, il assure pendant cinq ans le commandement de la base d'entraînement militaire de Camp Borden, en Ontario. En 1931, Croil retourne au Royaume-Uni pour parfaire sa formation à l'Imperial Defence College. Il est bientôt nommé officier de l'Air en chef de l'ARC. En 1938, l'ARC obtient du gouvernement canadien un statut qui lui confère son indépendance de l'Armée. Partisan énergique d'une aviation nationale indépendante, Croil est promu vice-maréchal de l'Air et devient le premier chef d'état-major de l'Air.
Réservé, Croil se distingue comme administrateur par sa rigueur et son professionnalisme. Quand, en mai 1940, C.G. Power prend le portefeuille du ministère de la Défense pour l'Air, il lui demande de démissionner, s'avouant rebuté par son esprit régimentaire et puritain même s'il reconnaît en Croil un officier consciencieux. Professionnel jusqu'au bout, Croil accepte de bonne grâce le poste d'inspecteur général de l'ARC qui lui est offert. Il prend sa retraite en 1944.
Le major-général Charles Foulkes au garde-à-vous à l'occasion d'une inspection des troupes canadiennes en Angleterre, le 12 mai 1944
Charles Foulkes, né à Stockton-on-Tees (Angleterre) le 3 janvier 1903; décédé à Ottawa le 12 septembre 1969. Officier de l'Armée canadienne. Après de courtes études universitaires, Charles Foulkes se joint à la Force permanente canadienne en 1926. Il est alors officier d'état-major au Royal Canadian Regiment et, en 1937, il s'inscrit aux cours du Staff College de Camberley, en Angleterre.
Au début des hostilités, Foulkes est major dans la 3e Brigade de la 1re Division d'infanterie canadienne. En septembre 1940, il est nommé officier d'état-major général, classe 1 de la 3e Division d'infanterie canadienne et le général Crerar cite son habileté exceptionnelle et ses solides connaissances tactiques. Foulkes est nommé commandant de brigade en août 1942. Un an plus tard, en août 1943, il obtient le poste de brigadier d'état-major général de la Première Armée canadienne. En janvier 1944, Foulkes succède au major-général E.L.M. Burns au poste d'officier général commandant de la 2e Division d'infanterie, une division qu'il dirige lors de la campagne de Normandie. En novembre 1944, Foulkes se joint au 1er Corps canadien, alors en Italie, en tant qu'officier général commandant. Il commande le 1er Corps pour le reste de la campagne d'Italie, puis lors de la libération des Pays-Bas. C'est Charles Foulkes qui accepte la reddition des forces allemandes à Wagenigen (Pays-Bas), le 5 mai 1945.
Après la fin des hostilités, Foulkes est nommé Chef de l'état-major général puis, en 1951, président du comité des chefs d'état-major. Il prend sa retraite en 1960.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Foulkes s'est montré un officier compétent, même si on a parfois noté son manque de leadership. Il a contribué de façon significative à l'évolution de l'Armée canadienne dans la période de l'après-guerre.
Le lieutenant-colonel B.M. Hoffmeister, officier commandant du régiment des Seaforth Highlanders of Canada, en Sicile, août 1943.
Bertram Meryl Hoffmeister, né à Vancouver (Colombie-Britannique) le 15 mai 1907, décédé à Vancouver le 4 décembre 1999. Officier de l'Armée canadienne, homme d'affaires. Bert Hoffmeister découvre les attraits de la vie militaire à l'âge de 12 ans, dans le corps de cadets des Seaforth Highlanders. Il se tourne vers l'industrie forestière pour y gagner sa vie, mais sans que son attachement aux Seaforth Highlanders n'en souffre : en 1927, il s'engage dans la Milice active non permanente. En 1939, il est promu major et il reçoit le commandement d'une des compagnies des Seaforth Highlanders; il s'embarque pour l'Angleterre avec son régiment dès décembre 1939.
En mars 1942, Hoffmeister revient au Canada pour suivre les cours du Canadian Junior War Staff au Royal Military College de Kingston, en Ontario. Il repart pour l'Angleterre après avoir complété ses cours et, en octobre 1942, il est promu lieutenant-colonel et nommé officier commandant de son ancien régiment.
La campagne de Sicile, qui débute par le débarquement du 10 juillet 1943, offre à Hoffmeister l'occasion de démontrer ses qualités d'officier et de leader. Il obtient une première décoration, l'Ordre du service distingué, à l'occasion des combats le long des routes de montagne de la Sicile. En octobre 1943, Hoffmeister est promu brigadier et il reçoit le commandement de la 2e Brigade d'infanterie canadienne. C'est à cette brigade que revient la tâche particulièrement difficile de prendre Ortona en décembre 1943.
Le 20 mars 1944, Hoffmeister prend le commandement de la 5e Division blindée canadienne, avec promotion au grade de major-général. La 5e Division participe à l'attaque victorieuse du 23 mai 1944 contre les défenses allemandes qui forment la ligne Adolf Hitler, dans la vallée de la rivière Liri. Le 30 août, Hoffmeister lance la 5e Division blindée contre la ligne Gothique, qui bloque le passage des Alliés vers le nord de l'Italie. Malgré la confusion causée par de violents combats, Hoffmeister fait preuve d'initiative et se rend maître de la situation : le 1er septembre, les Allemands doivent abandonner leurs positions.
En février 1945, la 5e Division blindée rejoint la Première Armée canadienne aux Pays-Bas. Pendant les mois qui suivent, elle participe à l'avance finale sur les territoires de l'Europe du Nord-Ouest encore occupés par l'ennemi.
À la fin des hostilités sur le théâtre européen, Hoffmeister est nommé au commandement de la 6e Division, la Force du Pacifique de l'Armée canadienne. La reddition du Japon, en août 1945, met fin aux préparatifs de combat et, en septembre, Hoffmeister devient officier de réserve.
De retour à la vie civile, Bert Hoffmeister reprend sa place d'homme d'affaires dans l'industrie forestière de la Colombie-Britannique. Il est président de MacMillan Bloedel de 1949 à 1957, agent général de la Colombie-Britannique à Londres de 1958 à 1961 et président du Council of Forest Industrie of British Columbia de 1961 à 1968. Il est reçu officier de l'Ordre du Canada en 1982.
Bert Hoffmeister avait un véritable talent pour la guerre. Il s'assurait toujours de bien connaître les conditions dans lesquelles les soldats dont il était responsable devaient vivre et combattre. Intelligent, il savait écouter l'avis de ses officiers et dirigeait par consensus plutôt que par pure autorité. En bon meneur d'hommes, il inspirait la confiance. Sa division, surnommée Hoffy's Mighty Maroon Machine à cause de la couleur de son écusson, a fait montre d'un esprit de corps exceptionnel qui s'exprimait par la fierté de ses hommes à en faire partie.
Photographie de C.D. Howe dédiée au premier ministre Mackenzie King.
Clarence Decatur Howe, né à Waltham (Massachusetts) le 14 janvier 1886, décédé à Montréal le 31 décembre 1960. Ingénieur et politicien. On l'a appelé le ministre de tout, on a dit de lui qu'il était un fasciste, mais un fasciste sympathique, qu'il s'était établi comme un quasi-dictateur. De l'avis de tous cependant, C.D. Howe était l'homme qui voyait à ce que les choses se fassent. En tant que ministre responsable des Transports, des Munitions et des Approvisionnements et de la Reconstruction, il a donné aux Canadiens les moyens matériels dont ils avaient un urgent besoin pour soutenir l'effort de guerre.
C.D. Howe est né à Waltham, en Nouvelle-Angleterre. Son père travaille dans le bâtiment, ce qui procure à sa famille une certaine aisance et permet à son fils de poursuivre des études supérieures. De 1903 à 1907, Howe complète son cours de génie civil au Massachusetts Institute of Technology de Boston.
En 1908, il accepte un poste de professeur de génie civil à l'université Dalhousie, à Halifax. Le jeune ingénieur croit déjà fermement que tout problème peut être résolu par l'application d'une bonne dose de bon sens et de travail. Partant de ce principe et même s'il ne possède aucune expertise dans ce domaine, il accepte, en 1913, de se rendre dans l'ouest canadien pour superviser la construction d'élévateurs à grains pour le compte de la Canadian Board of Grain Commissioners.
En 1916, Howe fonde à Port Arthur, en Ontario, sa propre compagnie d'ingénierie spécialisée dans la construction d'élévateurs à grains. La C.D. Howe Company Ltd connaît un immense succès pendant les années 1920 et, elle participe à l'érection de ponts et d'élévateurs à grains à Vancouver, Saskatoon, Churchill, Port Arthur, Toronto et Prescott, ainsi qu'à Buenos Aires en Argentine. Ensuite, la dépression économique des années 1930 oblige la compagnie à réduire drastiquement son niveau d'activités.
En 1934, alors que la Grande Dépression tient le Canada dans son étau de misère, le parti libéral de W.L. Mackenzie King demande à C.D. Howe de devenir candidat aux élections fédérales de 1935. En septembre, Howe est élu député dans la circonscription de Port Arthur et le premier ministre King lui confie le double portefeuille de la Marine et des Chemins de fer. Ces deux portefeuilles sont réunis sous le ministère des Transports dès 1936.
Appliquant son pragmatisme et son sens des affaires à la vie politique, Howe procède à la réorganization du système portuaire canadien, il restructure les chemins de fer du Canadien National pour leur permettre de retrouver leur rentabilité et il établit un contrôle de l'état sur les ondes radiophoniques en fondant la Société Radio-Canada.
Le 30 juin 1937, Howe franchit la distance qui sépare Montréal de Vancouver à bord d'un Lockheed 14H du ministère des Transports. Ce vol, d'une durée de 17 heures et 34 minutes, inaugure la liaison aérienne transcontinentale au Canada et marque les débuts d'une nouvelle société de la couronne, la Trans-Canada Airlines. De nombreuses années plus tard, celle-ci deviendra Air Canada.
En 1939, les bureaux du ministère des Transports sont plongés dans l'effervescence par les préparatifs de guerre. Le 9 avril 1940, le gouvernement crée le ministère des Munitions et des Approvisionnements et place Howe à sa tête. Le défi qui échoit à l'ingénieur devenu politicien est immense : il doit galvaniser la population et l'industrie canadiennes pour subvenir à l'ensemble des besoins matériels de la guerre.
Grâce à la Loi sur les mesures de guerre, le ministère des Munitions et des Approvisionnements bénéficie de pouvoirs très étendus. Il contrôle l'allocation des matières premières, les volumes de production, l'utilisation de la main-d'œuvre spécialisée et les marchés. Pour gérer l'immense machine de production de guerre, Howe fait appel au patriotisme des meilleurs chefs d'entreprise canadiens et leur demande d'offrir leurs services aux ministères des Munitions et des Approvisionnements pour la durée de la guerre, sans rétribution. Il s'entoure ainsi d'une équipe de gestion incomparable qui comprend des hommes tels qu’E.P. Taylor et W.C. Woodward.
En septembre 1944, mademoiselle Edna Poirier présente à l'honorable C.D. Howe le 100 000 000e obus de 25 livres fabriqué au Canada. La cérémonie se déroule aux usines de la Defence Industries Limited à Cherrier (Québec).
Howe n'échappe pas aux dangers de la guerre. En décembre 1940, le navire Western Prince est torpillé par un U-boot alors qu'il traverse l'Atlantique Nord vers l'Angleterre. Howe, qui se rend à Londres, est à bord du navire. Il prend place à bord d'un canot de sauvetage et vit la fatigue et le froid de huit longues heures d'attente sur la mer glacée. La peur d'être mitraillé par le sous-marin qui fait surface près de son canot n'arrive pas à ébranler la détermination de Howe, pas plus que la crainte de périr noyé ou de mourir de froid. Après avoir été rescapé par un navire marchand, il se dirige immédiatement à Londres pour y reprendre le programme des activités prévues.
Le 13 octobre 1944, C.D. Howe se voit confier un nouveau portefeuille, celui du ministère de la Reconstruction. Son rôle est alors de réorganiser l'économie canadienne afin de redonner à l'industrie son autonomie de libre entreprise, d'assurer l'emploi aux militaires qui rentrent au pays et, d'une manière générale, de maintenir la prospérité de la nation en temps de paix. Il doit non seulement libérer l'industrie des contrôles du gouvernement central mais aussi favoriser son passage vers la production des biens de consommation qui contribueront au bien-être de la population canadienne.
Avec le retour de la paix, Howe est nommé ministre du Commerce, un portefeuille qu'il conservera sous le gouvernement de Louis Saint-Laurent, qui succède à Mackenzie King en 1948. Il demeure responsable des programmes de production d'armements lors de la guerre de Corée et au début de la guerre froide.
En 1956, le financement de la construction d'un gazoduc transcanadien précipite Howe au centre d'un scandale politique. Tolérés en temps de guerre, le ton abrupt et l'attitude intransigeante de l'ancien ministre de tout ne sont plus de mise dans une démocratie parlementaire qui ne connaît plus l'urgence. Aux élections fédérales de 1957, le gouvernement libéral est défait et Howe perd son siège. Âgé de 70 ans, Howe se retire de la vie politique après 22 années sans interruption de loyaux services.
Depuis le début de la guerre, je n'ai pas eu l'habitude de prendre part aux débats de la chambre des Communes, sauf pour y fournir des informations relatives à mon ministère lorsqu'elles étaient requises pour la prise de décisions. On m'a confié la tâche de mobiliser les activités de l'industrie pour la production de guerre, et j'ai concentré tout mon temps et toute ma pensée sur ce problème particulier.
Le major-général R.F.L. Keller s'adresse aux troupes canadiennes en Normandie, le 2 août 1944.
Rodney Frederick Leopold Keller, né à Tetbury (Gloucestershire, Angleterre) le 2 octobre 1900, décédé en 1954. Officier de l'Armée canadienne. Rod Keller s'est inscrit au Royal Military College de Kingston, en Ontario, dans les dernières années de la Première Guerre mondiale. En 1920, après avoir reçu son diplôme du collège, il s'enrôle au Princess Patricia's Light Infantry Regiment, l'une des unités d'infanterie de la Force permanente de l'Armée canadienne. Comme la majorité des officiers prometteurs de l'entre-deux-guerres, Keller suit les cours du Staff College de Camberley, en Angleterre.
Quand le Canada entre en guerre, en 1939, Rod Keller est appelé outre-mer comme major de brigade. Il obtient le commandement du Princess Patricia's Light Infantry en 1941 et il est promu officier commandant de la 1re Brigade d'infanterie canadienne quelque mois plus tard. Keller est promu de nouveau, cette fois au grade de major-général et, du 8 septembre 1942 au 8 août 1944, il remplit les fonctions d'officier général commandant de la 3e Division canadienne d'infanterie. Le 6 juin 1944, il dirige l'assaut de la 3e Division lors du débarquement sur les plages de Normandie. Il est blessé le 8 août 1944 quand, par mégarde, des bombardiers américains jettent leurs bombes sur des unités canadiennes lors de l'opération Tractable.
Le major-général Keller était un officier aimé de ses troupes qui, dit-on, appréciaient ses manières et son rude langage. Toutefois, sa tendance à abuser de l'alcool, aggravé par des entorses aux mesures de sécurité à l'approche du Jour J, lui ont fait perdre l'estime de ses officiers supérieurs. Keller n'obtiendra pas d'autre commandement après l'accident du 8 août 1944. Il meurt dix ans plus tard, au cours d'un voyage en Normandie.
Le très honorable William Lyon Mackenzie King, 1941.
William Lyon Mackenzie King, né à Berlin (maintenant Kitchener, Ontario) le 17 décembre 1874, décédé à Kingsmere (Québec) le 22 juillet 1950. Chef du Parti Libéral de 1919 à 1948, premier ministre du Canada de 1921 à 1926, de 1926 à 1930 et de 1935 à 1948. Fils d'avocat, King avait pour grand-père maternel William Lyon Mackenzie, l'un des chefs de la rébellion du Haut-Canada en 1837. King étudie le droit et l'économie à l'Université de Toronto (diplômé en 1895), puis à l'Université de Chicago (M.A. 1897). Il poursuit ses études à Harvard. En 1900, il devient sous-ministre au nouveau ministère du Travail. Il entre à la Chambre des Communes en 1908, comme député libéral de North York. L'année suivante, en 1909, Sir Wilfrid Laurier le nomme ministre du Travail. Défait aux élections de 1911, King œuvre comme consultant en relations de travail et il est employé par la Rockefeller Foundation. Il publie Industry and Humanity en 1918, un livre où il expose sa vision d'un gouvernement qui, agissant au nom de la société, doit prendre une part active dans la résolution pacifique des conflits de travail.
Au congrès de 1919, le Parti Libéral choisit King comme chef. Négociateur d'expérience, King redonne à son parti l'unité qu'il avait perdue et il le mène au pouvoir aux élections de 1921. Pendant la prospérité des années 1920, le gouvernement King réduit la dette de guerre et institue un régime de pension pour personnes âgées. Mais, après cette période de prospérité, King n'admet pas la gravité de la crise économique et ne prend pas de mesures adéquates pour en contrer les effets. En 1930, l'électorat donne le pouvoir à R.B. Bennett et au Parti Conservateur. Le gouvernement conservateur n'arrive pas à redresser l'économie ou à réduire substantiellement les problèmes sociaux et, en 1935, les Libéraux reprennent le pouvoir.
Impuissant à mettre en place une politique économique cohérente pour contrer la Grande Dépression, le gouvernement libéral voit l'économie chuter de nouveau en 1937 et les coûts de l'assistance sociale s'élever encore. Mais, à ce moment, King doit se concentrer sur la succession de crises qui annoncent la possibilité d'une nouvelle guerre en Europe. Homme de conciliation, King favorise la résolution pacifique des conflits par la négociation. Il appuie donc la politique d'apaisement des gouvernements britannique et français. Mais, en août 1939, l'invasion de la Pologne entraîne la guerre et King appelle une session spéciale du Parlement où il propose la proclamation de l'état de guerre.
À compter de 1939, gouvernement, hommes d'affaires et ouvriers collaborent à la transformation de l'industrie canadienne en vue de l'effort de guerre. Mackenzie King sait que la conscription risque de diviser le pays et de rendre les Canadiens français hostiles à l'effort de guerre. Avec l'appui du ministre de la Justice Ernest Lapointe, il promet donc qu'il n'y aura pas de conscription. Mais, le besoin en personnel militaire augmente avec chaque année de guerre. En 1940, le gouvernement impose la conscription pour la défense du territoire national, sans obligation de servir outre-mer. En 1942, King demande à la population de libérer le gouvernement de sa promesse et de permettre la conscription pour les troupes d'assaut si les circonstances l'exigent. Malgré la réponse positive au plébiscite du 27 avril 1942, King attend à la fin de 1944, après les pertes importantes subies en Normandie, pour permettre l'envoi au front d'hommes qui ne s'étaient pas portés volontaires.
Le premier ministre Mackenzie King inspecte la garde d'honneur du Régiment de la Chaudière, Redhill (Angleterre), le 1er juillet 1942.
Les Canadiens ont reproché à King d'être un chef sans créativité, toujours convenable mais terne. En toute vérité, il ne possédait pas le charisme d'un Churchill ou d'un Roosevelt et il ne savait pas enflammer l'enthousiasme des foules et des troupes. Cependant, il a bien guidé le Canada dans une lutte de géants. Par ses négociations incessantes, il a maximisé la contribution de guerre des Canadiens tout en s'assurant que l'intérêt du pays primât sur les demandes de la Grande-Bretagne. Il a assuré la sécurité du Canada sur le continent nord-américain et, par son rôle de conciliateur, il a contribué au rapprochement des deux grandes puissances alliées, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Enfin, il a veillé au bien-être des Canadiens pendant et après le conflit.
Je n'ai jamais songé que le jour viendrait où, après avoir consacré toute une vie dans un effort continu pour promouvoir et maintenir la paix et la bonne volonté dans les relations industrielles aussi bien qu'internationales, il m'incomberait de diriger le Dominion du Canada dans une grande guerre; mais cette responsabilité je l'assume en sachant que je dois être fidèle au sang qui coule dans mes veines et en travaillant au maintien de la liberté, de la liberté de mes concitoyens, de la liberté de ceux dont les vies ne sont pas protégées dans d'autres collectivités et d'autres pays, de la liberté de l'humanité même. - W.L. Mackenzie King, Chambre des Communes, 8 septembre 1939.
Le major-général George Kitching (à gauche) et le lieutenant-général Guy Simonds (à droite) écoutent le maréchal Bernard Montgomery parler aux troupes du 2e Corps canadien à Coptherne (Angleterre), le 29 février 1944.
George Kitching, né à Canton (Chine) en 1910, décédé en 1999. Officier de l'Armée canadienne.
Pendant l'entre-deux-guerres, Kitching reçoit la formation militaire du Royal Military College de Sandhurst, en Angleterre. Il sert ensuite dans l'Armée britannique. Kitching joint l'Armée canadienne en 1939 et il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire. Il est officié d'état-major général, classe 1 à la 1re Division d'infanterie canadienne du 14 décembre 1942 au 30 octobre 1943. En Italie, il est muté à la 5e Division blindée canadienne où, le 1er novembre 1943, il reçoit le commandement de la 11e Brigade d'infanterie. Il participe alors à l'offensive d'Ortona.
En février 1944, le lieutenant-général Guy Simonds nomme Kitching commandant de la 4e Division blindée canadienne. Rattachée au 2e Corps canadien, la 4e Division blindée gagne la Normandie à la fin de juillet 1944, après la consolidation de la tête de pont, pour y remplacer la 3e Division d'infanterie. Sous les ordres de Kitching, la 4e Division blindée participe aux opérations Totalize (7-10 août 1944) et Tractable (14-16 août 1944), puis à la fermeture de la brèche de Falaise (17-21 août 1944). Critiqué pour la lenteur des blindés canadiens à effectuer la jonction avec les troupes américaines et fermer ainsi le passage à l'ennemi, Kitching est relevé de son commandement. Le 12 novembre 1944, il est nommé brigadier à l'état-major général du 1er Corps canadien.
George Kitching demeure à l'état-major canadien après la fin des hostilités. Ses mémoires, intitulées Mud and Green Fields, sont publiées en 1986.
Le vice-maréchal de l'Air Robert Leckie en janvier 1944.
Robert Leckie, né à Glasgow (Écosse) le 16 avril 1890, décédé à Ottawa le 31 mars 1975. Aviateur, officier de l'Aviation royale du Canada (ARC). Comme plusieurs officiers supérieurs de la Deuxième Guerre mondiale, Robert Leckie se distingue tout d'abord lors des combats de la Grande Guerre. Il apprend à piloter à la Curtiss Aviation School de Toronto. En 1915, il entre au Royal Naval Air Service comme pilote d'hydravion. Capable de piloter le HS-2L Curtiss dans les pires temps au large de la Mer du Nord, Leckie se bâtit une solide réputation dans les patrouilles anti-sous-marines et lors des opérations de défense contre les Zeppelins et. À la fin de la guerre, il atteint le grade de lieutenant-colonel d'aviation de la Royal Air Force (RAF), formée en 1918 pour réunir les divers corps d'aviation britanniques.
Détaché de la RAF de 1919 à 1922, Leckie joue un rôle important dans le développement des services aériens de la poste et du transport de passagers au Canada, en tant que directeur des opérations aériennes au Conseil de l'Aéronautique canadien. C'est l'époque du premier vol trans-canadien, effectué en 1920. Leckie retourne ensuite à la RAF et y restera jusqu'au début de la Deuxième Guerre mondiale. En poste à Malte en tant qu'officier commandant de la RAF en Méditerranée, il est appelé de nouveau au Canada en 1940.
En 1940, choisi par l'Air Ministry britannique pour diriger l'entraînement des aviateurs au Canada à partir du quartier général de l'Aviation royale du Canada (ARC), Leckie est nommé Air Member for Training et promu commodore de l'Air. Sa nomination pose un épineux problème à Ottawa puisqu'il dépasse en ancienneté tous les officiers supérieurs dont il relève, à l'exception du chef d'état-major! Malgré les objections, Leckie entre en fonction en février 1940. Il est transféré à l'ARC en 1942.
En janvier 1944, Robert Leckie est promu maréchal de l'air et nommé chef d'état-major de l'ARC, un poste qu'il occupe jusqu'en 1947. Leader intelligent et de grand talent, Leckie est considéré comme l'un des meilleurs officiers supérieurs de l'aviation canadienne de la Deuxième Guerre mondiale.
Le major-général A.B. Matthews à Nimègue, aux Pays-Bas, le 15 novembre 1944.
Albert Bruce Matthews, né à Ottawa le 12 août 1909, décédé en 1991. Officier de l'Armée canadienne et homme d'affaires. Contrairement à la majorité des hauts gradés de l'Armée canadienne, Bruce Matthews n'était pas un militaire de carrière, mais un produit de la Milice.
Matthews complète ses études à l’Upper Canada College de Toronto avant d'entrer à l'emploi du cabinet de son père, un courtier en investissements. En 1928, le jeune homme entre dans la Milice active non permanente et s'engage dans la 30e Batterie de campagne de la 3e Brigade de l'Artillerie royale canadienne. La vie de la milice lui plaît et, de 1933 à 1935, il suit les cours d'état-major de milice. Il est nommé adjudant au 7e Régiment de Toronto en 1936. Promu au grade de major en 1938, il prend alors le commandement de la 15e Batterie de campagne.
Matthews est parmi les premiers à répondre à l'appel du gouvernement canadien au moment de la proclamation de l'état de guerre et, en décembre 1939, il s'embarque pour l'Angleterre avec la 1re Division d'infanterie canadienne. En mars 1940, il est chargé du commandement du 1er Régiment d'artillerie moyenne et, en septembre 1941, il reçoit le commandement d'un nouveau régiment, le 5e Régiment d'artillerie moyenne. Il est alors promu lieutenant-colonel. En septembre 1942, il est affecté au Quartier général du 1er Corps d'armée canadien à titre d'officier de contrebatterie. Le 15 janvier 1943, Matthews est promu au grade de brigadier et nommé commandant de l'Artillerie royale de la 1re Division d'infanterie.
L'invasion de la Sicile et la campagne d'Italie fournissent à Matthews de multiples occasions de démontrer son habileté. Il prend le temps de reconnaître le terrain afin de préparer minutieusement ses plans de feu et d'assurer de bonnes positions à ses pièces d'artillerie. Matthews gagne ainsi la confiance du commandant de la 1re Division, le major-général Guy Simonds, et de son successeur, le major-général Christopher Vokes. Il fait preuve de courage et de détermination à maintes reprises, à Agira notamment, en allant en reconnaissance sous le feu ennemi; il a reçu l'Ordre du service distingué pour cette action. Lorsque Simonds est nommé officier commandant du 2e Corps canadien, en janvier 1944, il demande immédiatement que Matthews devienne son commandant d'artillerie. Ce dernier entre en poste le 14 mars 1944 et devient ainsi le second officier en importance dans la hiérarchie de l'Artillerie canadienne, un exploit pour un milicien.
Le 11 juillet 1944, le 2e Corps canadien devient opérationnel en Normandie. C'est à Matthews que revient la tâche de régler les plans de feu de l'Artillerie lors des opérations Atlantic, Spring, Totalize et Tractable, des manœuvres complexes qui ont pour objectif, en juillet et en août 1944, d'enfoncer les défenses allemandes dans la région de Caen, de pousser vers Falaise et d'y couper la retraite à l'ennemi. Le 10 novembre 1944, après la bataille de l'Escaut, Matthews est promu major-général et se voit confier le commandement de la 2e Division d'infanterie. Il commande sa division avec succès pendant la campagne de Rhénanie et jusqu'à la reddition allemande.
Reconnu comme un excellent officier, Matthews aurait pu poursuivre une brillante carrière militaire après la guerre. Il préfère retourner à la vie civile, où il se distingue dans le monde des assurances et des finances.
Le lieutenant-général Andrew G. L. McNaughton, mars 1942.
Andrew George Latta McNaughton, né à Moosomin (Territoires du Nord-Ouest, aujourd'hui en Saskatchewan) le 25 février 1887, décédé à Montebello (Québec) le 11 juillet 1966. Officier général commandant de la Première Division d'infanterie de 1939 à 1940, du Premier Corps canadien de 1940 à 1942 et de la Première Armée canadienne de 1942 à 1943, ministre de la Défense nationale de 1944 à 1945. Andrew McNaughton a complété des études en physique et en ingénierie à l'Université McGill, à Montréal (B.S., 1910, M.S., 1912). Il s'engage dans la Milice en 1909, puis, en 1914, il s'enrôle dans la 4e Batterie du Corps expéditionnaire canadien. L'application de ses connaissances scientifiques à l'artillerie lui vaut un avancement rapide et, à la fin de la Première Guerre mondiale, il commande le Corps canadien d'artillerie.
Après la guerre, il demeure dans les forces permanentes du Canada en acceptant le poste de chef d'état-major général. Il entreprend alors la mécanisation des forces armées et la modernisation de la milice. McNaughton revient pour quelques années à la vie civile et, de 1935 à 1939, il assume la présidence du Centre national de recherche du Canada.
Au moment de l'entrée du Canada dans la Seconde Guerre mondiale, McNaughton prend le commandement de la Première Division d'infanterie canadienne. Sous son commandement, la division croît pour devenir un corps d'armée (1940), puis une armée (1942). McNaughton se distingue à nouveau par le développement de techniques appliquées à la détection et aux armements, dont le projectile à sabot détachable. On lui reproche, cependant, des fautes de jugement quant aux tactiques militaires, notamment son approbation du désastreux projet d'invasion de Dieppe. Son opposition acharnée à la fragmentation des forces canadiennes stationnées en Grande-Bretagne lui a valu le ressentiment du gouvernement canadien et de l'État-major britannique. Soumis à la pression des critiques et fatigué par une santé défaillante, McNaughton démissionne de son commandement en décembre 1943.
Le premier ministre Mackenzie King maintient sa confiance en McNaughton et le nomme ministre de la Défense en 1944, avec le mandat précis de régler le problème de la conscription. Or, McNaughton n'arrive ni à résoudre la crise de la conscription, ni à gagner la faveur du public qui lui refuse un siège au Parlement.
Après la Deuxième Guerre mondiale, Andrew McNaughton représente le Canada à la Commission de l'énergie atomique de l'ONU et il siège comme président à la Commission de contrôle de l'énergie atomique du Canada, de 1946 à 1948. Il est délégué permanent à l'ONU de 1948-1949 puis, de 1950 à 1959, il assure la présidence de la section canadienne de la Commission mixte internationale.
Le 29 juillet 1942, le contre-amiral L.W. Murray décerne des décorations aux membres d'équipage du destroyer NCSM St. Croix pour avoir coulé le sous-marin ennemi U-90 le 24 juillet 1942.
À l'âge de 15 ans, Murray s'inscrit au Royal Naval College récemment fondé à Halifax. Deux ans plus tard, il entre au service d'un navire de la Royal Navy en tant qu'enseigne de vaisseau. C'est le premier des nombreux vaisseaux britanniques sur lesquels il sera appelé à servir durant la Première Guerre mondiale et pendant les années de l'entre-deux-guerres.
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, Murray accède au poste de vice chef de l'état-major de la Marine et il continuera d'occuper des postes de commandement de haute importance pendant toute la durée des hostilités. Élevé au grade de commodore, il prend le commandement de la Force d'escorte de Terre-Neuve le 31 mai 1941. Celle-ci devient en février 1942 la Force d'escorte du milieu de l'océan.
Lors de la rationalisation du haut-commandement des opérations sur l'Atlantique, Murray est élevé au grade de contre-amiral et, le 30 avril 1943, il est promu commandant en chef de la nouvelle zone du nord-ouest de l'Atlantique. De ses quartiers-généraux de Halifax, il dirige alors l'ensemble des forces aéronavales canadiennes et alliées engagées dans les opérations de convoi dans cette zone. Il est le seul officier canadien à commander un théâtre d'opérations allié pendant la Deuxième Guerre mondiale.
On a reproché à Murray de n'avoir pu contenir les excès des marins canadiens lors des célébrations de la Victoire à Halifax, ce qui l'amène à quitter son poste de commandement prématurément et dans l'amertume. La Marine royale du Canada perdait un officier de grand talent, un homme apprécié de ses pairs et aimé des hommes qu'il commandait.
L.W. Murray quitte le Canada pour la Grande-Bretagne en septembre 1945. Il y sera appelé au barreau en 1949.
À l'exception de quelques mois en mer à bord de l'Assiniboine, mon travail pendant la guerre n'a été qu'un long effort continu, presque toujours assis à un bureau, avec une moyenne de 15 heures par jour quand ce n'était pas 24. Mon boulot consistait à obtenir les meilleurs résultats possibles d'un personnel relativement sans expérience. Il n'y avait que peu de chances qu'ils se marchent sur les pieds. Ils avaient trop à faire et un boulot avec de plus grandes responsabilités attendait toujours celui qui se sentait assez de confiance et d'habileté pour s'en charger. À l'automne 1941, de jeunes officiers de la réserve volontaire qui n'avaient jamais navigué en mer avant la guerre prenaient le commandement d'une corvette et d'un personnel de 88 hommes - le nombre de touches noires et blanches sur le clavier d'un piano, chacune avec une note particulière et assumaient leur rôle en pleine Bataille de l'Atlantique.
L'expérience m'a dicté ceci : pour découvrir de quoi vous êtes capable, il vous faut seulement l'occasion de tenter votre chance - et quelqu'un doit avoir assez de confiance en vous pour vous donner cette occasion. Dans mes relations avec ces jeunes capitaines de la RVMRC, j'ai fait de mon mieux pour leur donner l'opportunité de se tenir sur leurs deux pieds et ils l'ont fait. Après avoir goûté au succès, ils n'ont jamais retourné en arrière. Quelle bénédiction ce fut d'avoir de brillants jeunes hommes prêts à accepter de pareilles responsabilités. - Contre-amiral L.W. Murray
Le contre-amiral P.W. Nelles et l'honorable Angus MacDonald, ministre de la Défense nationale pour la Marine, examinent la maquette d'une corvette à l'Exposition navale, en décembre 1942.
Percy Walker Nelles, né à Brantford (Ontario), le 7 janvier 1892, décédé à Victoria (Colombie-Britannique) le 13 juin 1951. Officier naval de la Marine royale du Canada (MRC). En 1910, année de la formation de la Marine royale du Canada, le jeune cadet Percy Nelles est nommé enseigne de vaisseau sur le NCSM Niobe. Une brillante carrière commence et, pour Nelles, les postes vont se succéder autant à la Royal Navy qu'à la MRC. Nommé commandant du croiseur britannique HMS Dragon en 1929, il est le premier Canadien à obtenir le commandement d'un navire britannique d'importance. Deux ans après, il prend le commandement du NCSM Saguenay, le premier destroyer construit spécifiquement pour la MRC. En 1934, il est promu au rang de commodore et nommé chef d'état major de la Marine.
Cette dernière fonction le désigne pour assurer la survie de la MRC pendant les années maigres de la Grande Dépression. Une tâche encore plus ardue l'attend en 1939 : celle de planifier et de diriger l'expansion fulgurante de la MRC sous les pressions constantes du gouvernement canadien et des états alliés. En janvier 1944, après un désaccord avec le ministre de la Marine, l'honorable Angus L. Macdonald, Nelles est envoyé à Londres en qualité d'attaché naval canadien outre-mer afin de diriger les opérations de la MRC lors du débarquement des Alliés sur les côtes françaises. Cette dernière tâche complétée avec succès, il se retire de la Marine en janvier 1945 avec le rang d'amiral.
L'honorable J.L. Ralston inspecte les troupes canadiennes stationnées en Angleterre, en décembre 1940.
James Layton Ralston, né à Amherst (Nouvelle-Écosse) le 27 septembre 1881, décédé à Montréal le 21 mai 1948. Officier de l'Armée canadienne, avocat, politicien. Après ses études à la Dalhousie Law School, J.L. Ralston pratique le droit à Amherst, en Nouvelle-Écosse, à compter de 1903. Il entre dans la vie politique en 1911, quand il est élu à l'Assemblée de la Nouvelle-Écosse pour la circonscription de Cumberland. Il est réélu pour un second mandat en 1916.
Pendant la Première Guerre mondiale, Ralston sert comme officier dans le 85e Bataillon canadien d'infanterie. Réputé pour sa bravoure et sa compétence, il est promu au grade de lieutenant-colonel en 1918 et nommé officier commandant du régiment des Nova Scotia Highlanders. Il poursuit la carrière militaire à la fin des hostilités et il est élevé au grade de colonel en 1924.
Ralston revient ensuite en politique, mais sur la scène fédérale. Il est nommé au Conseil privé et, en 1926, le premier ministre Mackenzie King lui confie le portefeuille de la Défense nationale. Il perd son ministère aux élections fédérales de 1930, quand les Conservateurs de R.B. Bennett sont élus. Par la suite, Ralston agit comme délégué canadien à la London Naval Conference, puis il siège à diverses commissions royales.
En septembre 1939, Ralston est nommé ministre des Finances. Quelques mois plus tard, le 5 juillet 1940, un remaniement du cabinet le place au poste de ministre de la Défense nationale. Il succède à Norman McLeod Rogers, qui vient de trouver la mort dans un accident d'avion.
En 1944, les combats font rage en Italie et en Normandie et l'Armée canadienne craint de bientôt manquer d'hommes pour remplacer les combattants tués ou blessés. En octobre, le colonel Ralston se rend auprès des unités de combat pour évaluer lui-même la gravité du problème. Il revient à Ottawa convaincu de la nécessité de donner à aux divisions qui le demandent, les 15 000 soldats bien entraînés. Il ne reste à ses yeux qu'une solution : obliger les conscrits pour la défense territoriale à servir au front. Pour des raisons politiques, le gouvernement King ne peut accepter d'instituer le service outre-mer obligatoire. Ralston se voit donc obligé de démissionner et il quitte son poste le 2 novembre 1944.
On a parfois reproché au colonel Ralston une certaine propension à s'embourber dans les détails administratifs, mais il avait aussi la réputation d'être un bon juge de la valeur de ses officiers supérieurs. En outre, on garde de lui le souvenir d'un homme qui s'est toujours dévoué à la cause des combattants canadiens.
Le major-général J.H. Roberts vers 1942.
John Hamilton Roberts, né à Pipestone (Manitoba) le 21 décembre 1891, décédé en 1963. Officier de l'Armée canadienne. En septembre 1939, au moment de la proclamation de l'état de guerre, « Ham » Roberts a déjà une longue carrière militaire à son actif. Diplômé en 1914 du Royal Military College de Kingston, en Ontario, il a servi dans le Corps expéditionnaire canadien au cours de la Première Guerre mondiale et il a été décoré de la Croix militaire. Pendant l'entre-deux-guerres, il est demeuré dans la Force permanente, avec l'Artillerie royale du Canada.
En décembre 1939, Roberts s'embarque pour l'Angleterre avec la 1re Division canadienne d'infanterie. En juin 1940, quand Canadiens et Britanniques doivent se retirer précipitamment de la France, Roberts réussit à sauver les pièces d'artillerie de son régiment. Il est promu brigadier le mois suivant. À compter du 7 novembre 1941, il commande par intérim la 2e Division canadienne d'infanterie. Sa position d'officier général commandant est confirmée le 6 avril 1942.
Roberts se voit confier la responsabilité de commander les troupes terrestres lors du désastreux raid de Dieppe, le 19 août 1942. De son poste de commande, à bord du HMS Calpe, Roberts n'a qu'une idée imprécise du déroulement des combats et ce n'est qu'au moment de rappeler ses troupes vers la flotte de transport que la gravité de la situation lui apparaît clairement : presque aucun objectif n'a été atteint et deux des trois brigades sont décimées. Mais, Roberts n'étant pas responsable de la planification de l'opération, il n'encourt aucun blâme. Au contraire, il est décoré de l'Ordre du service distingué.
En mars 1943, le major-général Roberts est sévèrement critiqué pour sa faiblesse tactique lors de Spartan, un exercice de grande envergure destiné à préparer le débarquement de Normandie. En avril 1943, il est muté au commandement des unités canadiennes de renfort. Il ne recevra aucun autre commandement opérationnel par la suite. Deux ans plus tard, il se joint à la Commonwealth War Grave Commission.
Le lieutenant-général Guy Simonds passe en revue les troupes du 2e Corps canadien à Meppen, en Allemagne, le 31 mai 1945.
Guy Granville Simonds, né à Bury St. Edmunds (Angleterre) le 23 avril 1903, décédé à Toronto (Ontario) le 15 mai 1974. Officier de l'Armée canadienne. Fils d'un militaire britannique établi au Canada, Guy Simonds est trop jeune pour combattre lors de la Grande Guerre. À la fin des hostilités, de 1921 à 1925, il étudie au Royal Military College de Kingston (Ontario) où il obtient son diplôme avec mention et se mérite de nombreuses distinctions pour ses succès académiques, sa conduite et sa discipline. En 1925, Simonds entre dans la Force permanente canadienne et sert dans la Royal Canadian Horse Artillery à Petawawa et à Winnipeg. De 1936 à 1938, le jeune capitaine suit les cours du Staff College de Camberley, en Angleterre. On y remarque son intelligence et son excellente compréhension des théories militaires et des problèmes spécifiques à la guerre moderne. À la fin du cours, Simonds reçoit une recommandation très louangeuse du commandant du collège.
À son retour au Canada, au printemps 1938, Simonds se joint au personnel du Royal Military College. Les articles sur la guerre mécanisée qu'il propose au Canadian Defence Quarterly confirment sa place parmi les penseurs les plus brillants de l'Armée canadienne. Après la proclamation de l'état de guerre du 10 septembre 1939, Simonds, alors major, est affecté au poste d'officier d'état-major général, classe 2 de la 1re Division d'infanterie. Il est stationné en Angleterre avec sa division en décembre 1939.
En juillet 1940, Simonds est nommé commandant du 1er Régiment de campagne de l'Artillerie royale du Canada, un régiment démoralisé qui a vécu la déroute de Dunkerque. Ce poste sera de courte durée; en novembre 1940, Simonds se voit chargé par le général Andrew McNaughton de la mise sur pied d'un programme condensé d'entraînement d'officiers, le Canadian Junior War Staff Course.
Reconnu comme un homme d'une grande habileté et comme un planificateur hors pair, Simonds connaît une ascension fulgurante : il est nommé officier d'état-major général, classe 1 de la 2e Division d'infanterie en mai 1941, commandant de la 1re Brigade d'infanterie en septembre 1942 et, en avril 1943, commandant de la 1re Division canadienne d'infanterie. Il est alors major-général.
Simonds connaît sa première expérience de combat à la tête de la 1re Division d'infanterie, à l'occasion de l'invasion de la Sicile. Il organise habilement blindés, artillerie et infanterie et dirige ses troupes avec assurance lors des batailles de Nissoria, d'Agira et de Regalbuto, ce qui lui vaut d'être remarqué par le commandant de la 8e Armée, le général Bernard Montgomery. Du 1er novembre 1943 au 29 janvier 1944, Simonds commande la 5e Division blindée canadienne. Puis, en janvier 1944, il est promu lieutenant-général et nommé officier général commandant du 2e Corps canadien, qu'il doit entraîner en vue de l'invasion prochaine de la Normandie.
Le 2e Corps canadien établit son quartier général en France en juillet 1944, au moment où la campagne de Normandie semble s'enliser. En juillet et en août, Simonds dirige quatre importantes opérations contre les Allemands : Atlantic, Spring, Totalize et Tractable. Ce sont des opérations difficiles contre un ennemi qui défend âprement chaque parcelle d'un terrain qu'il connaît bien. Malgré le succès mitigé de l'opération, le plan de Simonds pour Totalize (7 août) est remarquable à cause des tactiques ingénieuses mises en œuvre pour neutraliser les blindés et les défenses antichars des Allemands. C'est à cette occasion que Simonds invente le « Kangaroo », un véhicule de transport de troupes improvisé en débarrassant des canons automoteurs Priest de leur pièce d'artillerie. Grâce à l'opération Tractable (14 août), les Canadiens et les Polonais réussissent à fermer la brèche de Falaise.
Le 27 septembre 1944, Simonds assure temporairement le commandement de la Première Armée canadienne, en remplacement du général H.D.G. Crerar. Il fait preuve à nouveau d'une grande adresse tactique pendant la libération de l'estuaire de l'Escaut et la vigueur de son commandement plaît à Montgomery. Toutefois, Crerar reprend son poste, et Simonds achève la libération de l'Europe du Nord-Ouest à la tête de 2e Corps canadien.
Après la guerre, Simonds demeure en Angleterre à l'Imperial Defence College. Il revient au Canada en 1949 comme commandant du Royal Military College de Kingston. De 1951 à 1955, il est chef de l'état-major général et il réorganise l'Armée canadienne en vue de la guerre de Corée, puis de la participation canadienne à l'OTAN.
Guy Simonds s'est grandement distingué parmi les généraux canadiens qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale. Aux dires de Montgomery, il était parmi les Canadiens le seul général capable d'assumer un haut commandement en situation de combat. Le général Omar Bradley voyait en lui le meilleur des généraux canadiens et le général Sir Miles Dempsey le meilleur de ses commandants de corps. Tel qu'exprimé par l'historien Jack Granatstein dans The Generals, Guy Simonds a été, aux yeux de ses contemporains et des historiens, le meilleur soldat que le Canada ait produit au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Le 23 février 1945, le général H.D.G. Crerar (à gauche) et le major-général D.C. Spry (au centre) discutent avec le maréchal Bernard Montgomery (à droite) avant le déclenchement de l'opération Blockbuster, l'offensive sur la forêt de Hochwald.
Daniel Charles Spry, né à Winnipeg (Manitoba) le 4 février 1913, décédé en 1989. Officier de l'Armée canadienne. Dans sa jeunesse, Dan Spry a été un ardent partisan du mouvement scout. Il étudie à l'université Dalhousie, à Halifax, au début des années 1930. En 1932, il s'engage dans un régiment de la Milice canadienne, les Princess Louise Fusiliers. En 1934, il entre au Royal Canadian Regiment de la Force permanente.
Spry commande un bataillon du Royal Canadian Regiment quand la guerre éclate en Europe. En 1943, le Royal Canadian Regiment participe à l'invasion de la Sicile et de l'Italie continentale et c'est Spry, maintenant lieutenant-colonel, qui en est l'officier commandant. Le 18 décembre 1943, il est nommé officier commandant de la 1re Brigade d'infanterie et promu au grade de brigadier.
Le 13 juillet 1944, Spry se voit attribuer le commandement de la 12e Brigade d'infanterie, une nouvelle unité composée à partir de formations canadiennes déjà présentes en Italie. Spry ne reste pas longtemps à organiser et à entraîner la 12e Brigade. Le 18 août 1944, il est appelé en Normandie pour succéder au major-général Rod Keller, commandant de la 3e Division d'infanterie, qui vient d'être blessé sur le champ de bataille. Spry participe donc à la fin de la campagne de Normandie, à la libération des villes portuaires de l'embouchure de la Seine au Pas de Calais (septembre 1944), puis à la bataille de l'Escaut (septembre-novembre 1944). Après l'hiver, la 1re Armée canadienne reprend l'offensive et la 3e Division d'infanterie est engagée dans la bataille de la Rhénanie (février-mars 1945). Le 22 mars 1945, Spry est relevé de son commandement pour diriger les Unités canadiennes de renfort en Angleterre.
En 1946, Dan Spry est nommé chef adjoint de l'état-major général au quartier général de la Défense nationale, à Ottawa.
Le major-général Chris Vokes adresse la parole aux hommes du 1er Régiment de campagne canadien à Riccione (Italie), le 13 novembre 1944.
Christopher Vokes, né à Armagh (Irlande) le 13 avril 1904, décédé à Oakville (Ontario) le 28 mars 1985. Officier de l'Armée canadienne. Fils d'un militaire britannique, Chris Vokes étudie au Royal Military College de Kingston, en Ontario, de 1921 à 1925. Dès l'obtention de son diplôme, il entre dans la Force permanente comme membre du Corps royal du Génie. En 1926-1927, il suit les cours de l'université McGill, à Montréal, et il obtient un baccalauréat en sciences. En 1934-1935, il complète sa formation au Staff College de Camberley, en Angleterre.
À compter de 1939, Vokes gravit rapidement les échelons hiérarchiques de l'état-major canadien. À la 1re Division d'infanterie, il remplit successivement les fonctions d'adjudant général, de quartier-maître général adjoint, d'officier d'état-major général, classe 1 et d'officier commandant du Princess Patricia's Canadian Light Infantry. Vokes se révèle un excellent officier d'opérations et, le 24 juin 1942, il est nommé commandant de la 2e Brigade d'infanterie avec promotion au grade de brigadier.
Vokes dirige la 2e Brigade lors du débarquement à Pachino, le 10 juillet 1943, et pendant l'avance à travers les régions montagneuses de la Sicile. La 2e Brigade passe ensuite en Italie continentale, au mois de septembre 1943. Le 1er novembre 1943, Vokes est nommé commandant de la 1re Division d'infanterie canadienne et promu au grade de major-général. Il participe aux difficiles combats qui se soldent par la prise d'Ortona, le 27 décembre 1943. Quelques mois plus tard, le 23 mai 1944, la 1re Division canadienne avance dans la vallée de la Liri et enfonce la ligne Adolf Hitler. Sous les ordres de Vokes, les troupes de la 1re Division poursuivent ensuite leur avance vers le nord pour percer la ligne Gothique le 3 septembre 1944.
Le 1er décembre 1944, Vokes est muté au commandement de la 4e Division blindée canadienne. Il conduit ses troupes dans la bataille de la forêt de Hochwald, en février et mars 1945, puis dans leur avancée à travers les plaines du nord de l'Allemagne, jusqu'à la victoire finale. De juin 1945 à mai 1946, Vokes demeure en Europe en tant qu'officier général commandant des Troupes canadiennes d'occupation.
De retour au Canada, le général Vokes est nommé officier général commandant du Commandement central et, par la suite, du Commandement de l'Ouest de l'Armée canadienne. Il prend sa retraite de l'Armée en 1959 et, en 1985, il publie ses mémoires sous le titre de My Story.
J'ai l'immense satisfaction de savoir que les troupes que j'ai commandées n'ont jamais perdue de bataille, malgré qu'il y en eût de très difficiles en Sicile, en Italie, en Hollande et en Allemagne. Aussi, je regretterai toujours profondément, très profondément, qu'il dût y avoir des pertes humaines. Morts et blessés sont inséparables des batailles. Qu'il soit caporal ou général, un commandant ne peut esquiver les décisions désagréables peu importe son grade. S'il s'arrange pour les éviter, c'est qu'il est inapte au commandement sur le champ de bataille. Sur une note plus heureuse, je retrouve les souvenirs de la camaraderie, de la fierté, du courage, de l'habileté au combat des soldats canadiens et, plus que tout, de notre discipline et de notre obéissance aux volontés de notre Parlement. Je pense encore à la présence d'esprit particulière des soldats canadiens et à leur grande capacité d'improvisation. Sachez que nos soldats ont toujours été bons envers les enfants de nos ennemis, bons envers ceux qui étaient dans l'adversité. Ils étaient, dans l'ensemble, de grands ambassadeurs pour le Canada. - Chris Vokes, My Story, 1985